Italie : Procès Costa Concordia – l'armateur n'est pas mis en cause25/07/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/07/une2347.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : Procès Costa Concordia – l'armateur n'est pas mis en cause

Samedi 20 juillet, le tribunal de Grosseto, en Toscane, a prononcé des peines allant de deux ans et dix mois à un an et six mois de prison contre cinq des coaccusés du procès du naufrage du Costa Concordia. La gigantesque épave gît toujours sur le flanc, tout près du port de la petite île du Giglio, où le navire de croisière géant s'échoua en janvier 2012, entraînant la mort de 32 passagers.

Parmi les accusés se trouvait le capitaine Francesco Schettino, sur le sort duquel la justice n'a pas encore tranché. Les peines prononcées concernent quatre autres membres de l'équipage, deux officiers et deux responsables de bord, ainsi que le directeur de l'unité de crise de Costa Crociere. La compagnie propriétaire du navire, quant à elle, ne figure pas sur le banc des prévenus mais parmi les parties civiles.

Au lendemain du naufrage, le groupe Costa Crociere, propriétaire du navire, a attribué toutes les responsabilités de la tragédie au capitaine du bateau. Ce dernier en a évidemment, mais les responsabilités de l'armateur dans le fait que ce type d'accident puisse se produire sont tout aussi écrasantes. Faire approcher des mastodontes de cette taille au plus près des côtes, pour le « salut » traditionnel qui permet aux touristes un aperçu des lieux avant le débarquement dans une zone portuaire moins engageante, entraîne des risques.

Carnival, le groupe dont Costa Crociere est une filiale, a beau jurer que ses consignes impliquent de ne pas s'approcher des côtes à plus de 500 mètres, la réalité est tout autre : aux quatre coins du monde, des navires de croisière dont la taille et le tirant d'eau ne leur permettent ni de s'arrêter ni de virer de bord facilement, s'approchent dangereusement des côtes pour « faire le show », comme l'expliquait l'un des employés de Costa.

Après le naufrage du Concordia, l'Unesco avait d'ailleurs demandé que les grands navires de croisière ne soient plus autorisés à aborder à Venise et une association locale y milite contre les parades des bateaux de croisière. On imagine en effet les dégâts provoqués par le passage au ras de la place Saint-Marc de ces villes flottantes, qui entraîne remous et courants... Sans même parler de ce qui se produirait en cas de collision avec le quai !

Malgré les risques, les armateurs font construire des navires de plus en plus grands, pour proposer casinos, discothèques et salles de bal à leurs milliers de passagers. Le tout avec des équipages dont la formation au secours en mer est inexistante. Car s'il est vrai qu'on trouve en moyenne un membre d'équipage pour trois passagers sur les bateaux, seule une minorité est constituée de marins. Sur les 1 023 salariés présents sur le Costa Concordia, 890 faisaient partie du personnel de restauration, d'hôtellerie et de spectacle, et 133 membres de l'équipage seulement étaient des marins formés pour la sécurité en mer de quelque 3 200 passagers.

C'est ce qui permet à des entreprises comme Carnival d'engranger des milliards de dollars de bénéfices, dans une course à la taille qui est avant tout une course au profit.

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