République tchèque : Rassemblement d'extrême droite anti-Roms25/07/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/07/une2347.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

République tchèque : Rassemblement d'extrême droite anti-Roms

České Budějovice, une ville de Tchéquie située dans le sud de la Bohême, est un exemple de ces régions industrielles frappées par la crise actuelle, le chômage, la dégradation des services sociaux et des moyens de transports ou des fermetures d'hôpitaux et d'écoles.

La ville a vu le rassemblement d'un millier de néo-nazis, qui s'est vite transformé en une marche de 300 individus vers un quartier HLM où vivent des membres de la communauté rom. La police, qui était au courant des intentions des organisateurs d'aller lyncher des Roms, a laissé le rassemblement s'organiser. Elle n'a pas bronché devant les bras tendus, les « Sieg Heil », ou les cris « Du gaz pour les Roms », et a laissé la marche s'étirer dans la ville. Elle n'est intervenue qu'au tout dernier moment, juste avant que les assaillants n'atteignent le quartier.

Depuis 2008, les agressions violentes se multiplient contre les Roms, souvent dans des petites villes de République tchèque, comme Litvínov en 2008, Rumburk en 2011 et Duchcov il y a à peine quelques semaines. Elles ont fait trois victimes entre octobre 2012 et mars 2013. Rien qu'en 2012, seize manifestations racistes anti-Roms ont été dénombrées. Les agressions sont aussi dirigées contre les homosexuels, les musulmans ou les symboles juifs.

En République tchèque, comme dans les autres anciennes démocraties populaires, la chute du rideau de fer et l'entrée dans l'Union européenne avaient suscité beaucoup d'illusions. Mais il est vite apparu que les géants économiques, la France mais surtout l'Allemagne voisine, considéraient le pays comme une semi-colonie, brisant net bien des espoirs. Pour une minorité d'arrivistes sans scrupules, s'affichant ouvertement dans les quartiers chics de Prague, l'enrichissement fut rapide. Mais pour la population, notamment avec l'accélération de la crise et le démantèlement de l'ancien Code du travail, c'est le chômage massif et la misère qui ont été au rendez-vous. L'écart entre riches et pauvres s'est rapidement accru, la corruption s'est multipliée : un terreau propice aux frustrations que politiciens de droite et d'extrême droite ont rapidement exploitées, encourageant par leurs paroles ou leur passivité les haines envers les Roms, les sans-abri, les chômeurs, et parlant même de supprimer le droit de vote aux pauvres.

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