Groupe Renault : Non au chantage au chômage !21/11/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/11/une2312.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Groupe Renault : Non au chantage au chômage !

Les patrons du groupe Renault viennent de dévoiler aux travailleurs leur plan destiné à accroître ce qu'ils appellent la « compétitivité » des usines françaises. En fait, ce qu'ils veulent accroître, sous ce prétexte, c'est l'exploitation des salariés.

Depuis le Salon de l'automobile, en octobre, la direction de Renault fait monter la pression sur les salariés. Carlos Ghosn, le PDG, a d'abord avancé : « Sous sa forme actuelle, oui, le groupe Renault peut disparaître. (...) Je ne connais aucune entreprise qui soit viable, qui puisse prospérer à partir d'une base qui ne soit pas compétitive. (...) La base naturelle de Renault, c'est la France. » Puis, le numéro 2, Carlos Tavarès, revenant sur ce prétendu « problème de compétitivité », a annoncé des réunions de négociation avec les directions syndicales.

En fait de négociation, les patrons de Renault ont décidé d'exercer un véritable chantage à l'emploi. « Dans le cadre d'un accord global sur l'ensemble des mesures proposées au cours du cycle de négociations, écrit la direction dans un Media destiné à l'ensemble du personnel de l'usine de Flins, elle pourrait s'engager à ne pas fermer d'usine en France. » Toute la menace tient dans le conditionnel « pourrait ». Et les patrons voudraient imposer un regroupement des usines du pays dans deux pôles, au sein desquels la mobilité des salariés d'une usine à l'autre serait imposée selon le bon vouloir de la direction.

Ainsi un pôle ouest regrouperait les usines de Flins, Cléon, Sandouville, Le Mans et Choisy-le-Roi, un pôle nord-est, celles de Douai, STA Ruitz, MCA Maubeuge et Sovab Batilly. Les travailleurs pourraient être envoyés de l'une à l'autre, pour « faciliter un équilibrage des effectifs », « en fonction de l'activité et des besoins »... de la production. « Ce dispositif, ajoute Renault, ne fonctionnerait plus sur la seule base du volontariat. » En fait, les prêts d'ouvriers entre différents sites existent déjà chez Renault : bien des salariés de Sandouville ou Douai travaillent à Flins, dans le cadre d'un volontariat plus ou moins forcé, à la suite du chômage et des pertes de salaire. Mais leur nouveau dispositif permettrait aux patrons de jongler avec les effectifs, sans recourir au chômage partiel, sans qu'il soit question en l'état d'indemnisation, et surtout sans qu'il soit tenu compte de la vie personnelle des uns et des autres, de leur lieu d'habitation, de leurs moyens de déplacement.

À l'usine de Flins, où sont fabriquées la Clio 4 et la Zoé, la contrariété le dispute à l'inquiétude, d'autant plus que la direction locale vient d'annoncer, sous prétexte de demande de 2 000 Clio 4 supplémentaires, d'immédiates dégradations des conditions de travail. Ainsi, les quatre samedis de décembre seront travaillés « au volontariat », mais chacun sait quelles pressions cela implique, en particulier pour les intérimaires ou les travailleurs « prêtés » par d'autres usines. Le temps de travail quotidien augmentera de 5 minutes, ce qui fera sortir l'équipe du soir 10 minutes plus tard. Des débordements systématiques devront rattraper les pannes -- et elles ne sont pas rares. Enfin, les espoirs que beaucoup mettaient dans des congés de fin d'année, entre les deux fêtes, sont bien ruinés. Certains même devront venir à l'usine le 31 décembre.

Il va sans dire que, dans ce contexte où les patrons de PSA prétendent supprimer des emplois et fermer des usines, où la vente des véhicules est en baisse, la direction de Renault profite de la situation pour frapper fort et tenter d'augmenter ses profits. Bénéficier de l'allègement de cotisations promis par le gouvernement dans le cadre du « pacte de compétitivité » ne lui suffit pas. Les 17 milliards de profits accumulés depuis 2003 non plus, pas plus que les 723 millions de bénéfices dégagés au premier semestre 2012. Il lui faut tenter d'en imposer encore plus aux travailleurs.

Ce pari est loin d'être gagné.

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