Mali : Hollande prêt à l'intervention... avec la peau des soldats africains21/11/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/11/une2312.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mali : Hollande prêt à l'intervention... avec la peau des soldats africains

Tout semble prêt désormais pour une énième guerre en Afrique, au nord du Mali. Depuis plusieurs semaines, le gouvernement français se prépare à intervenir, en tentant à la fois de mobiliser les instances européennes et de déléguer aux troupes de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest, la Cédéao, le soin d'agir en direct sur le terrain.

Les affrontements dans le nord-est du Mali, entre mouvements armés qui se réclament de l'islamisme et rébellion touareg se disant favorable à l'autonomie de la région, ont pris récemment un tournant plus violent. La rébellion touareg, qui s'affiche en Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), tente de se présenter aux yeux des dirigeants maliens et des grandes puissances européennes comme le seul intermédiaire capable de maîtriser l'activité, dans le nord-est près de la frontière nigérienne, des factions islamistes Aqmi et Mujao. Un troisième groupe armé, Ansar Eddine, a de son côté déjà fait le choix du rapprochement avec le gouvernement de Bamako.

Le 20 novembre, Hollande recevait à Paris le président mauritanien Ould Abdel Aziz : la mise en scène du parfait accord franco-africain pour venir à bout des groupes armés agissant au nord-Mali s'affinait. Auparavant, le 11 novembre, la Cédéao avait approuvé l'envoi dans cette région d'une force militaire soutenue sur le plan logistique par des puissances occidentales. Puis les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont fort opportunément donné leur accord à l'envoi d'une « mission de soutien » à cette intervention militaire qui ne devrait avoir lieu que dans plusieurs mois. Il s'agirait, pour les États européens, d'envoyer quelque 250 instructeurs chargés de « former » les bataillons de la Cédéao envoyés au feu. Les autorités françaises, réputées les meilleures connaisseuses du « dossier malien » -- à en croire Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne -- dirigeront cette « mission ».

Il reste à obtenir le feu vert de l'Onu dont le Conseil de sécurité devrait se prononcer en décembre sur cette intervention militaire. Or il semble que, pour l'instant, les dirigeants américains fassent la fine bouche devant le scénario programmé. Les effectifs prévus par la Cédéao seraient, disent-ils, insuffisants, et l'armée nigériane, qui fournit une partie importante du contingent, comme l'armée malienne elle-même, en trop piteux état. En fait, les États-Unis voudraient sans doute eux aussi jouer leur partition dans cette région au sous-sol particulièrement riche, alors que, pour l'instant, les impérialismes européens, et en particulier français, ont tissé de nombreux liens leur permettant de continuer à prospérer sur l'exploitation des mines d'uranium et celle des populations.

Le prétexte de la défense des populations du Mali contre les intégristes a bon dos. Ce qui est en jeu est le maintien de la domination de l'impérialisme dans cette région. Dans ce domaine aussi, Hollande met ses pas dans ceux de son prédécesseur, en se moquant bien des populations civiles victimes « collatérales » des affrontements dans le nord-Mali, comme des militaires africains qui, bientôt peut-être, devront s'en aller combattre pour le profit d'Areva. Mais une intervention militaire au nord-Mali pourrait bien signifier s'enfoncer dans un bourbier, à la manière des troupes occidentales en Afghanistan et en Irak.

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