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- Lutte ouvrière n°2264
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Dans les entreprises
Grève de la sûreté aérienne : Roissy aérogare
Depuis le vendredi 16 décembre, personne ne peut ignorer la grève de la sûreté. Si les médias ont surtout interviewé des passagers mécontents, ils ont moins fait parler les agents de sûreté en grève contre les bas salaires et des conditions de travail d'un autre âge.
Pour que les avions décollent, de 6 h du matin à minuit passé, il faut que les salariés de la sûreté scannent les bagages à main et fouillent les passagers avant l'accès à bord. Ils travaillent sept jours sur sept pour des salaires horaires proches du smic. Et le smic est plus souvent le maximum que le minimum. Ils subissent les temps partiels imposés, doivent venir pour des vacations de quatre ou cinq heures alors qu'ils habitent loin de Roissy. Sur place, il faut se garer loin et rajouter encore une bonne demi-heure pour rejoindre son poste. Puis ce sont les longues heures debout, pressés par les chefs, surveillés par les caméras, sanctionnés si on mâche du chewing-gum, si on s'assoit entre deux passagers. Même durant les pauses, il est interdit de s'asseoir sur les fauteuils des passagers, les salariés n'ont pas le temps de rejoindre la salle de repos trop éloignée, sans cantine ni endroit décent pour manger. Ils sont obligés d'avaler des MacDo ou de la nourriture d'aérogare chère ou de s'amener quelque chose.
Parmi les tâches de sûreté, il faut aussi garder les avions pendant les opérations de ménage ou d'approvisionnement. Et ce des heures durant, alors que les toilettes de bord sont interdites !
Même en CDI, les salariés sont en réalité en contrats précaires, car périodiquement les aérogares et les compagnies mettent en concurrence les sociétés de sûreté. Si la société perd le marché, une autre l'obtient, mais elle n'est pas tenue de reprendre l'ensemble du personnel. Il faut rajouter, comme partout, les nombreux intérimaires et CDD. Par exemple ICTS, qui s'était séparée de tous ses CDD le mois dernier, les renvoyant au chômage, a été sans honte les rechercher ces jours-ci... pour contrer la grève ! La précarité ne s'arrête d'ailleurs pas là, car les salariés sont sous la menace permanente d'un retrait de l'agrément préfectoral, qui permet de travailler dans les zones réservées et sécurisées. Et perdre son précieux badge, c'est ne plus pouvoir travailler.
Il faut rajouter encore les stages de formation, obligatoires pour avoir le droit de travailler, mais jamais payés, alors qu'une partie du stage se déroule sur les postes. Et, cyniquement, les patrons utilisent des stagiaires en horaire à temps plein (151 h par mois), pas payés donc, puis leur proposent l'embauche... à temps partiel, 86 h !
C'est tout ce ras-le bol qui a explosé dans la grève, réclamant une augmentation de salaire de 200 euros minimum, la fin de la précarité et l'amélioration des conditions de travail. La grève est très suivie et elle a fortement perturbé les accès à bord, provoquant les embouteillages et les retards à Roissy, et l'annulation des vols à Lyon.
La grève est dynamique, les assemblées générales se tiennent au milieu de l'aérogare, alors qu'ADP tentait systématiquement de l'empêcher jusque-là. Le préfet a essayé d'empêcher les manifestants de défiler dans les aérogares et des CRS en tenue Robocop encadrent le moindre déplacement. Le week-end, des manifestations de plusieurs centaines de salariés bruyants ont fait le tour des terminaux en s'adressant aux passagers et aux autres salariés.
Tous les jours les grévistes se retrouvent en assemblée générale dans le hall du Terminal 2E. La grève est entraînante et, depuis le lundi 19 décembre, de nouvelles sociétés l'ont rejointe. Depuis, les manifestants sont trois fois plus nombreux que le samedi 17, et mercredi 21 cela n'avait pas diminué. Ils ont la sympathie par exemple du personnel de ménage qu'ils croisent et d'autres sous-traitants de l'aéroport qui, comme l'a dit une des grévistes, en ont mare d'être sous-traités !