Grève de la sûreté aérienne : Lyon -- Saint-Exupéry22/12/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/12/une2264.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Grève de la sûreté aérienne : Lyon -- Saint-Exupéry

À Lyon-Saint-Exupéry la grève est très massivement suivie depuis le début par les quelque 350 agents de sûreté travaillant sur l'aéroport. Faute de personnel pour scanner ou fouiller bagages et passagers, aucun avion n'a pu décoller vendredi et samedi.

Comme le faisait remarquer fièrement un gréviste, l'aéroport n'avait été ainsi paralysé que deux fois auparavant : lors d'une grosse tempête de neige et lors de l'éruption du volcan islandais en 2009.

Il faut dire que les agents de sûreté ont changé d'employeur le 1er novembre dernier, Securitas perdant le contrat avec Aéroport de Lyon (ADL) au profit de la Brink's à la suite d'un nouvel appel d'offres. Chacun sait bien que la Brink's a obtenu le marché en baissant le prix de ses prestations, ce qu'elle répercutera d'une façon ou d'une autre sur les salariés. Or les salaires sont déjà au plancher : malgré des horaires décalés avec des prises de service parfois à 3 ou 4 heures du matin, des amplitudes de travail qui peuvent aller jusqu'à 12 heures dans la journée, les agents commencent à 1 200 euros net par mois. C'est bien pourquoi la revendication des 200 euros d'augmentation par mois, alors que tous les prix flambent, paraît à tous les grévistes comme un minimum.

D'un autre côté, l'ancien employeur vient de verser aux travailleurs leur solde de tout compte, avec des arriérés de congés, ce qui représente un peu moins de 5 000 euros mais qui permet aux grévistes d'affronter avec un peu plus de sérénité les pertes de salaire provoquées par la grève.

Depuis dimanche après-midi et surtout lundi, les vols ont partiellement repris, non pas parce que la grève faiblit mais parce que la direction d'ADL a fait appel à des agents de sociétés extérieures venues d'autres villes ou d'autres aéroports ou ayant été recalées lors des appels d'offres. Les grévistes dénoncent l'emploi de ces agents non habilités, non formés sur le matériel, incapables d'assurer la sûreté des vols et donc des passagers, mais qui permettent aux compagnies et à la direction de l'aéroport de faire décoller leurs avions tout en affaiblissant la grève.

Les grévistes sont bien conscients que leurs revendications concernent l'ensemble des personnels présents sur l'aéroport, souvent des prestataires qui subissent eux aussi la précarité, les pressions pour travailler toujours plus et les bas salaires. Ce personnel montre d'ailleurs sa solidarité en passant devant le local où sont rassemblés les grévistes qui ont préféré, à ce jour, ne pas manifester dans l'aéroport avec badges ou banderoles.

Lundi 19 après-midi, ils ont pris connaissance avec ironie de la proposition de la ministre Kosciusko-Morizet d'imposer une déclaration individuelle de grève obligatoire à déposer 48 heures à l'avance, alors qu'un préavis avait été déposé cinq jours avant leur grève sans aucun effet et alors même que les patrons de la sûreté annulaient la réunion de négociation prévue ce jour-là. Le lendemain, c'est très fraîchement qu'ils ont accueilli le médiateur envoyé par le ministère des Transports, refusant d'entamer des négociations avec leur direction locale comme celui-ci le suggérait. Pour les grévistes de Lyon-Saint-Exupéry la lutte a démarré pour des revendications qui concernent les agents de tout le pays et de toutes les sociétés : pas question de se laisser diviser.

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