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Dans les entreprises
Air France : On n'est pas dupes
Depuis plusieurs semaines, à en croire la direction d'Air France, la situation économique et financière de la compagnie serait soudainement devenue catastrophique et il faudrait que le personnel se prépare, à nouveau, à se serrer la ceinture en matière d'emplois et de salaires.
Ainsi de Juniac, le nouveau PDG d'Air France, a annoncé que des « mesures conservatoires » seraient prises dès janvier 2012 pour dégager de nouvelles recettes et qu'en juin, donc après l'élection présidentielle, des mesures radicales sur l'emploi, voire un plan social, s'imposeraient.
Ces propos ont été repris, précisés et commentés dans les médias après que le quotidien économique La Tribune avait annoncé 2 000 suppressions d'emplois et le gel immédiat de tous les salaires, rémunérations, promotions et avancements.
Mais si, aussitôt, la direction a publié un communiqué en forme de démenti, la formulation même qu'elle a employée, « rien n'est arrêté à ce stade », indique bien que des mauvais coups sont imminents. Elle dit rejeter le chiffre de 2 000 emplois supprimés, mais en annonce déjà 800. Quant au gel des salaires, elle n'a même pas fait semblant de le démentir.
Cela a beaucoup fait discuter dans les hangars, les ateliers et les bureaux, aussi bien à Roissy qu'à Orly. S'il y a des réactions de crainte, notamment par rapport à l'emploi, il y a aussi de l'incompréhension, voire de la colère chez certains travailleurs.
Comment expliquer en effet que cette compagnie, qui il y a quelques semaines encore se décrivait comme une des premières au monde, et qui avait les moyens d'acheter 120 avions et de distribuer 1,4 million d'euros de prime de départ à son PDG, serait aujourd'hui au bord du gouffre, comme le prétend sa direction ?
Ces interrogations reviennent dans pratiquement toutes les réunions qu'organise la hiérarchie dans les différents secteurs. Mais cette mise en condition, voulue par la direction, ne marche pas. La contestation et le refus de l'austérité annoncée s'expriment largement dans ces réunions, d'autant plus qu'une bonne partie de l'encadrement, chargé d'animer celles-ci, ne croit pas un instant aux discours de la direction.
Alors si la direction d'Air France annonce une année difficile pour les travailleurs de la compagnie, il est loin d'être acquis que ces derniers se laisseront imposer des mesures d'intensification du travail et de baisse du niveau de vie concoctées pour satisfaire les actionnaires.