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Leur société
Enseignement : 14 000 suppressions de postes Une situation qui empire
Vendredi 16 décembre, à la veille des vacances de Noël et au lendemain d'une grève unitaire des enseignants, le ministre de l'Éducation nationale, Luc Chatel, a donné la répartition par académie des postes qu'il veut supprimer en 2012. Provocation de sa part ? Sans doute plutôt volonté d'éviter la période de la campagne présidentielle pour de telles annonces.
Ajoutées aux 66 000 suppressions de postes réalisées depuis 2007, les 14 000 à venir vont faire des dégâts : 5 700 postes sont supprimés dans les écoles du primaire et 6 550 dans les collèges et les lycées du secondaire. Pourtant le gouvernement lui-même donne des chiffres qui montrent qu'à la rentrée 2012 il y aura 6 000 élèves de plus dans le primaire, 21 000 de plus dans les collèges et 6 600 de plus dans les lycées.
Toutes les académies sont touchées, à part la Guyane qui va recevoir 50 postes supplémentaires. Mais ce sont les régions pauvres qui sont le plus pénalisées, alors qu'il leur faudrait au contraire plus d'enseignants et d'encadrants, pour permettre aux enfants des familles les plus modestes d'accéder à un niveau égal. Le Nord-Pas-de-Calais va perdre environ 1 000 postes (399 dans le primaire et 589 dans le secondaire), l'académie de Lorraine près de 800 (367 dans le primaire et 425 dans le secondaire). En région parisienne, 755 postes en moins dans l'académie de Versailles et 595 dans celle de Créteil (Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Seine-et-Marne).
Dans le primaire, Sarkozy avait déclaré en juin qu'il n'y aurait pas plus de fermetures de classes que d'ouvertures. Pour y parvenir, les recteurs vont réduire des postes qui contribuent à prendre en charge les élèves les plus fragiles, les intervenants en langue, les réseaux d'aide spécialisées aux élèves en difficultés (Rased). De plus, avec la diminution du nombre d'enfants de moins de 3 ans scolarisés (13 % cette année contre 34,5 % en 2000), d'autres postes seront supprimés.
Dans le secondaire, où la suppression d'un poste d'enseignant ne signifie pas directement la suppression d'une classe, les rectorats vont réduire les matières minoritaires, multiplier les heures supplémentaires et gonfler les effectifs par classe. Ils vont aussi avoir recours à des contractuels, faire appel aux retraités (avec quel succès, c'est une autre question). Mais finalement on aboutira aussi à des suppressions de classes, à moins que le ministère n'arrive à imposer aux enseignants de faire nettement plus d'heures de cours, ou bien qu'il déclare tous les professeurs polyvalents et susceptibles d'enseigner n'importe quelle matière.
L'argument répété à satiété par tous les ministres est qu'il n'y a jamais eu en France autant d'enseignants et aussi peu d'élèves. Ce n'est pas de le répéter qui le rend vrai, et ce n'est pas ce que constatent parents et professeurs. La réalité est là : les enfants sont de plus en plus nombreux. Pendant longtemps une classe d'âge a représenté 600 000 enfants : avec plus de 800 000 naissances par an, chaque degré de l'enseignement se gonfle fatalement. Quant au nombre des enseignants, que Chatel explique par quel miracle, plus il supprime de postes, plus il y a de profs.
L'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), qui réunit les 34 pays les plus développés, a classé la France en dernière place pour le niveau d'encadrement enseignants/élèves, à cause en particulier des gros effectifs des classes primaires. Ce n'est pas les 14 000 suppressions décidées qui vont améliorer ce classement, ni les conditions d'études.