Comité d'entreprise de la RATP : La Cour des comptes et son rapport mal intentionné14/12/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/12/une2263.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Comité d'entreprise de la RATP : La Cour des comptes et son rapport mal intentionné

Les accusations, très médiatisées, portées à l'encontre de la gestion du Comité d'entreprise (CE) de la RATP par un rapport de la Cour des comptes interviennent après celles concernant les CE d'EDF, GDF, la SNCF, Air France, France Télécom ou d'autres encore.

Cette concomitance n'est évidemment pas le fruit du hasard mais plutôt le reflet d'une campagne menée aujourd'hui par ceux qui jugent trop importants les moyens financiers dont disposeraient les syndicats, en tout premier lieu la CGT. Les termes « considérable » ou « démesuré », employés par la Cour des comptes pour caractériser le budget du CE de la RATP ont été choisis pour bien souligner les prétendus cadeaux dont celui-ci bénéficierait, alors que la somme allouée correspond à moins de 100 euros par mois et par salarié ; un salaire différé en quelque sorte, servant essentiellement à la restauration et aux congés pour les 44 000 travailleurs de la régie des transports.

Pour l'heure personne ne demande une diminution des sommes dont disposent les CE, seulement plus de contrôle et de transparence afin d'éviter des malversations, supposées ou réelles. Mais derrière se dessine évidemment tout autre chose : une campagne visant à dénigrer aux yeux de l'opinion les travailleurs « privilégiés » des grandes entreprises qui bénéficieraient d'avantages « extraordinaires » et se permettraient de surcroît de « prendre le pays en otage » lors des grèves.

Une enquête parlementaire sur le financement des organisations syndicales (de salariés et patronales) listait avec envie l'ensemble des financements dont disposent les syndicats, en particulier les syndicats de salariés. Mais finalement ce rapport ne serait pas rendu public, certainement pour ne pas embarrasser les organisations patronales, en particulier l'UIMM, le patronat de la métallurgie, englué il y a peu dans un scandale financier jamais élucidé.

La CGT-RATP accusée

Au CE-RATP, la CGT est majoritaire mais cogère avec d'autres syndicats les 27 restaurants et centres de vacances. L'affaire a évidemment fait grand bruit parmi les agents, dont certains voulaient des explications que bien souvent les militants syndicaux et a fortiori les syndiqués ne pouvaient apporter, si bien que, parmi ces derniers, beaucoup en voulaient au syndicat de les avoir mis dans l'embarras.

Certains reproches, comme celui de ne pas procéder par appel d'offres pour choisir les fournisseurs, ne sont absolument pas fondés. Un syndicat ne devrait en aucun cas choisir une entreprise qui, pour être moins chère, pressurerait davantage ses travailleurs. Les syndicats qui reprochent à juste titre ce genre de pratiques au patronat, en particulier dans le choix des sous-traitants, ne peuvent agir ainsi, quitte à ne pas respecter certaines règles qu'on voudrait leur imposer.

Mais parmi les reproches formulés par la Cour des comptes, d'autres gênent beaucoup plus les militants, comme l'accusation de doubles facturations ou de détournements de fonds et de biens. Faut-il un renforcement des contrôles comme le préconise la Cour des comptes ? Certainement, mais tout dépend par qui. Mais ces contrôles, si ce n'est la gestion des oeuvres sociales elle-même, devraient être exercés par tous les travailleurs volontaires pour cette tâche, sans que les militants syndicaux prennent tout en charge comme cela se passe aujourd'hui.

Les CE : un choix du patronat

Lorsque les CE furent créés à la fin de la Seconde Guerre mondiale, il s'agissait pour les représentants de la bourgeoisie d'associer les syndicats ouvriers aux tâches de la reconstruction en contrepartie de la gestion d'oeuvres sociales. Cette politique de collaboration de classes s'est depuis maintenue, voire développée, au point que dans certaines entreprises la majeure partie de l'énergie déployée par les militants syndicaux concerne cette gestion et non pas l'organisation et la défense des intérêts des travailleurs. Et on en arrive à cette aberration que c'est la bourgeoisie ou certains de ses représentants qui montrent du doigt des agissements qui peuvent être contestables de certains responsables syndicaux, alors qu'eux-mêmes, par appât du gain, conduisent toute la société à la catastrophe.

Le dévouement de milliers de militants serait bien plus utile et efficace s'il était employé exclusivement à dénoncer les méfaits du système capitaliste et à organiser la défense des intérêts du monde du travail.

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