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Syrie : Alors que la répression continue, l'opposition au régime ne se laisse pas briser
En Syrie, chaque jour les forces de répression font de nouvelles victimes parmi les manifestants anti-Assad, les opposants qui tentent de s'organiser dans certaines villes, ou même les passants qui osent se risquer dans la rue.
À l'ONU, la haute commissaire aux droits de l'homme a récemment estimé les victimes des forces gouvernementales et des mercenaires au service du régime à plus de 5 000 morts, depuis mars dernier, date des premières manifestations massives de contestation. Parmi les victimes, on recenserait jusqu'à présent plus de 300 enfants et adolescents. Par ailleurs, quatorze mille personnes auraient été arrêtées, et bien souvent battues et torturées. Douze mille autres auraient pu fuir le pays.
Ce constat a fourni à l'ambassadeur de France auprès de l'ONU l'occasion d'une démonstration au cours de laquelle il a accusé le Conseil de sécurité des Nations unies d'être « moralement responsable de ce qui se passe en Syrie », pour n'avoir pas publié de résolution condamnant Assad. De son côté, le ministre Juppé y est aussi allé de sa déclaration de condamnation, attribuant à Damas la responsabilité d'un attentat contre des casques bleus français au Sud-Liban, ce que la Syrie a démenti.
Le régime de Bachar al-Assad n'est plus, depuis le printemps dernier, en odeur de sainteté auprès du gouvernement français. Et pourtant, depuis 2007, Assad avait été à trois reprises l'hôte de Sarkozy à Paris, paradant même en 2008 à ses côtés au défilé du 14 juillet. Le président français avait rendu la politesse à Damas, en septembre de la même année. Et en décembre 2010 Assad était de nouveau invité à Paris... C'était au temps où Sarkozy, se souvenant de l'époque où la France était la puissance coloniale régnant en Syrie, misait sur l'aide d'Assad pour mettre sur pied son Union pour la Méditerranée. C'était au temps où, à l'instar des autres grandes puissances, il voyait dans le régime syrien une garantie de stabilité au Proche-Orient, voire un pion de la diplomatie française dans les rapports israélo-arabes. Pour couronner le tout, de gros contrats franco-syriens étaient alors envisagés, un projet de métro, une ligne de chemin de fer Alep-Damas, la rénovation de l'aéroport de Damas, quelques dizaines d'Airbus, deux gisements pétrolifères qui intéressaient au plus haut point Total...
Rien de tout cela n'a visiblement abouti et au printemps, après les premiers ratés face à la vague de contestation dans les pays arabes, l'Élysée a soudain fait semblant de découvrir la dictature régnant en Syrie et émis une protestation officielle contre la répression des manifestations.
Après des mois d'affrontements, l'opposition au régime ne faiblit pas et, dans certaines régions, elle se renforce de soldats déserteurs. Alors qu'Assad tentait, par l'organisation d'élections municipales, de donner corps à une caricature de démocratisation de son régime, les opposants lançaient dans le pays un appel à une grève générale, à une fermeture des boutiques et à des sit-in et des manifestations. Malgré la répression féroce, la détermination du peuple syrien fera peut-être finalement tomber Assad. Mais la population aura à se méfier de tous ses faux amis et notamment du gouvernement français.