CFA bâtiment -- Clermont-Ferrand : Le personnel en lutte contre les licenciements14/12/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/12/une2263.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

CFA bâtiment -- Clermont-Ferrand : Le personnel en lutte contre les licenciements

Sous prétexte de faire des économies pour réduire le déficit, la direction du CFA bâtiment de Clermont-Ferrand veut supprimer des postes, externaliser des services ou réduire le temps de travail. Treize personnes seraient touchées, sur les 57 du centre. Le personnel a réagi en se mettant en grève et en multipliant les actions publiques pour dénoncer cette situation et s'opposer aux licenciements.

Le Centre de formation des apprentis du BTP, qui accueille 800 jeunes apprentis, est une association privée gérée paritairement par des représentants de syndicats patronaux et salariés du BTP et qui dépend de subventions diverses. Sa situation financière est alarmante car le déficit se creuse. Depuis un an, la menace d'une liquidation judiciaire plane et la direction annonce régulièrement que les salaires ne seront peut-être pas versés les mois suivants.

La cause est évidente : les subventions de fonctionnement ont nettement diminué. D'une part l'État a réduit sa part, déjà très limitée. C'est d'autant plus choquant qu'un ministère de l'Apprentissage a été créé et que, selon le gouvernement, « la jeunesse est une priorité nationale ». La part générée par la taxe d'apprentissage a elle aussi diminué, les patrons étant plus subventionnés que taxés. Quant à l'autre source de subventions, le Conseil régional d'Auvergne à forte majorité socialiste, elle a également diminué.

La colère du personnel a donc éclaté, d'autant plus que la Région recourt à une coûteuse publicité pour l'apprentissage. Ainsi, les Olympiades des Métiers vont entraîner une dépense de plusieurs millions d'euros, alors que le déficit de l'établissement n'atteint pas un million. Quant aux aides multiples versées aux entreprises qui prennent un apprenti, le Conseil régional n'a pas non plus choisi de les réduire pour faire des économies.

Mercredi 30 novembre et jeudi 1er décembre, la totalité des salariés a fait grève, alertant la presse. Il y a eu une déclaration au Conseil d'administration de l'établissement et ses membres ont rencontré les grévistes. Le Comité d'entreprise du CFA s'est tenu en présence de l'ensemble des grévistes, qui ont entendu les dirigeants annoncer un à un tous les postes touchés avec un cynisme incroyable et sans même présenter un seul document aux salariés. La remise des diplômes aux apprentis de l'année précédente a été aussi l'occasion d'une distribution de tracts, d'un déploiement de banderoles et de panneaux, et d'une déclaration sur scène en présence de l'ensemble des grévistes.

La presse et la télévision régionales relaient ces actions et les familles des jeunes ont du mal à imaginer qu'un centre qui s'occupe de former 800 apprentis dans le secteur du bâtiment puisse se retrouver dépouillé de la sorte.

Jeudi 8 décembre la grève a encore été totale, les jeunes apprentis renvoyés en entreprise. Les grévistes se sont retrouvés devant le Conseil régional d'Auvergne où une délégation a été reçue par la responsable socialiste chargée de l'apprentissage. Elle s'est justifiée en disant que les budgets pour l'apprentissage étaient en hausse, mais que tout y est inclus : dépenses pour travaux, aides aux employeurs et fonctionnement des centres.

L'inspection du travail a été alertée sur le fait que, puisque plus de dix personnes étaient touchées par ce plan, il fallait suivre certaines règles, superflues aux yeux de ces patrons du bâtiment habitués à les transgresser. Certains salariés ont donc reçu des lettres pour convocation à des entretiens préalables à licenciement le 4 janvier et l'un a reçu une lettre lui indiquant qu'il devait accepter une baisse de 20 % de son temps de travail sous peine d'être licencié.

La grève va donc reprendre et les travailleurs du CFA sont convaincus qu'il leur faut rester mobilisés pour ne pas se laisser mettre à la porte les uns après les autres.

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