Une information judiciaire pour corruption, favoritisme et trafic d'influence a été ouverte en février dernier sur les conditions d'attribution de la construction du nouveau ministère de la Défense, le « Pentagone à la française ». Selon Le Canard enchaîné, un haut cadre du ministère de la Défense aurait transmis à la société Bouygues le cahier des charges, lui permettant ainsi d'avoir la primeur de certaines informations dans le dos de ses concurrents et de remporter cet énorme marché : 300 000 mètres carrés de bureaux prochainement édifiés dans le XVe arrondissement de Paris.

Le contrat décroché lui garantit, dans le cadre d'un partenariat public-privé (PPP) exceptionnel, le versement d'une redevance annuelle comprise entre 100 et 150 millions d'euros pendant vingt-sept ans. Soit un pactole garanti de 2,7 à 4 milliards d'euros pour s'occuper de tout : de la construction bien sûr, mais également de l'entretien et de la maintenance des bâtiments, des réseaux informatiques, des services divers comme le jardinage, la restauration, le nettoyage et le gardiennage.

Pour l'instant, le groupe Bouygues dément toute implication dans cette affaire de corruption et se déclare surpris : « En général, nous sommes informés d'une telle procédure. »

Il est vrai qu'à la lumière des relations qui existent entre le PDG du groupe Bouygues et son obligé de président de la République, on peut comprendre leur surprise. Quand on accepte d'être le parrain du fils Sarkozy, cela devrait impliquer quelques menus avantages, comme celui de pouvoir se passer, pour les bonnes affaires, des petits intermédiaires.