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Dans les entreprises
Amazon -- Ormes (près d'Orléans) : Les coulisses du e-commerce
La plate-forme logistique d'Amazon, numéro un mondial de la vente sur Internet, emploie moins de 400 personnes en fixe. Ces dernières semaines, pour faire face aux commandes de fin d'année, ce sont plus de 1 500 intérimaires qui affluent, parfois de loin, en 3x8 et le week-end.
La plupart des agences d'intérim de l'agglomération orléanaise affichent sur leur vitrine « Urgent : conditionnement », jusqu'à Pôle emploi qui joue les rabatteurs. Le tract de bienvenue promet une bonne ambiance, le « have fun », pour « vivre au mieux l'expérience Amazon ».
La condition est déjà de pouvoir se rendre sur place, une zone éloignée, mal desservie par les transports en commun aux horaires des équipes. Résultat, les accès sont engorgés, le parking est saturé et il faut faire des centaines de mètres pour trouver à se garer. À l'entrée, c'est la cohue. À fabriquer des badges électroniques à 200 nouveaux intérimaires chaque jour, les gardiens ne peuvent faire face lorsque leurs machines chauffent et tombent en panne. Puis, une fois dans les vestiaires, surprise, il n'y a pas assez de casiers pour chacun. De nombreux casiers à code s'ouvrent sans pouvoir se refermer ou se ferment sans pouvoir se rouvrir, et à chaque fois il faut appeler les gardiens. Fréquemment, les casiers sont vidés, les affaires personnelles des intérimaires se retrouvent en tas à l'accueil et il n'est pas rare de devoir rester une demi-heure en fin de poste pour les récupérer. Le tout après une journée harassante à manipuler des centaines, des milliers de produits de toute nature. Sans compter, à chaque entrée et sortie de l'entrepôt, le franchissement des portiques de sécurité que font sonner tous les objets métalliques, d'où contrôles corporels et stress supplémentaire.
Pas étonnant dans ces conditions que le personnel tourne beaucoup, et qu'Amazon en soit à organiser des services de cars depuis Gien et Romorantin, à 80 km de là, avec des journées de travail à l'avenant. Des primes sont promises à qui recrutera un collaborateur (150 euros) ou un manager (2 000 euros). « Des talents autour de vous, ils cartonneront chez nous », proclament des affiches placardées jusque dans les toilettes. Une tombola est ouverte pour ceux qui n'auront ni absence ni retard. Dernièrement, il est même proposé de faire des heures supplémentaires en prenant sur le temps de pause et en commençant plus tôt.
Grâce à une hausse de 55 % des actions Amazon en 2010, le fondateur Jeff Bezos a vu sa fortune personnelle augmenter de 6,5 milliards de dollars l'an dernier. Sans doute en flairant, mieux que ses concurrents, le filon de la traçabilité des internautes et du « paiement-en-un-clic ». Mais surtout en exploitant la cohorte des sans-emploi d'une manière qui n'a rien de moderne ni de virtuel.