La régulation des pratiques bancaires : Du vent !11/05/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/05/une-2232.gif.445x577_q85_box-0%2C12%2C167%2C228_crop_detail.png

Leur société

La régulation des pratiques bancaires : Du vent !

En pleine tourmente financière, le 25 septembre 2008, Sarkozy, en chantre de la « moralisation du capitalisme », clamait « Les modes de rémunération des dirigeants et des opérateurs doivent être encadrés. Il y a eu trop d'abus, il y a eu trop de scandales. (...) La seule loi du marché c'est fini, l'autorégulation c'est fini, les rémunérations excessives c'est fini. » Trois ans après, ces belles déclarations sont tombées dans le caniveau. Ce même marché n'a cessé de dicter sa loi. Les PDG des banques continuent à se verser de plantureuses rémunérations alors qu'ils prônent l'austérité à leurs employés.

Pire, le gouvernement français, loin d'être plus contraignant en matière d'encadrement des bonus et des rémunérations des banquiers, a détourné le sens d'une directive européenne pourtant souple et évasive qui visait à « équilibrer » les rémunérations variables et fixes des banquiers. Dans le texte de loi français, il ne s'agit plus d'établir un équilibre approprié entre la part fixe d'un banquier (son salaire) et sa part variable. Il s'agit seulement « d'établir un rapport approprié entre les composantes fixes et variables ». Du coup, les banquiers multiplient parfois le rapport entre ces deux composantes par quatre ou cinq. Ils s'ingénient - et pour s'enrichir on peut faire confiance à leur inventivité - à trouver les moyens les plus divers pour multiplier cette part variable avec des distributions d'actions gratuites, de bonus, des rémunérations différées, des stock-options.

Ainsi le PDG de la Société Générale, Frédéric Oudéa, qui touche un salaire fixe de 850 000 euros par an, soit environ 70 000 euros chaque mois, peut multiplier ce fixe par 4,8 avec ses différents bonus. Il en va de même pour Baudoin Prot, PDG de BNP Paribas, qui touche actuellement 79 000 euros mensuels et qui pourra, si l'action BNP Paribas tient ses promesses, toucher la modique somme de 5,24 millions d'euros. Quant à François Pérol, dont la nomination à la tête de la Banque Populaire et de la Caisse d'Épargne devait beaucoup au fait d'être un proche de Sarkozy, son salaire annuel s'élève à 550 000 euros mais sa rémunération variable pourrait atteindre plus d'un million d'euros.

Ces rémunérations ne sont que la partie émergée de l'iceberg : de tels émoluments versés à ces banquiers pour leurs bons et loyaux services masquent les profits des actionnaires de ces mêmes banques. D'ailleurs, même si Sarkozy et ses ministres encadraient quelque peu ces rémunérations, cela ne changerait au fond rien au scandale de la spéculation financière et des profits des actionnaires. Mais le fait que, trois ans après les déclarations de Sarkozy à Toulon, le gouvernement s'assoie sur une esquisse de régulation émanant de l'Union européenne, illustre ce que valent les déclarations présidentielles. Du vent, rien que du vent.

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