La Poste : Payer plus cher un service dégradé, c'est cela aussi la loi du profit11/05/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/05/une-2232.gif.445x577_q85_box-0%2C12%2C167%2C228_crop_detail.png

Dans les entreprises

La Poste : Payer plus cher un service dégradé, c'est cela aussi la loi du profit

Alors que La Poste a engrangé 550 millions d'euros de bénéfices l'an dernier, elle annonce une nouvelle augmentation du prix du timbre, la sixième depuis 2005, pour juillet prochain. La lettre dite prioritaire devrait passer de 0,58 à 0,60 euro. Elle est censée parvenir à son destinataire le lendemain (J+1). En réalité, dans 16,6 % des cas elle arrive hors délai, comme vient de l'indiquer une étude officielle.

Pour faire bonne mesure, La Poste annonce aussi, pour octobre, un nouveau tarif présenté comme économique à 0,57 euro, pour une livraison dans les 48 heures (J+2). Or il existe déjà un tarif de courrier lent (J+3 à J+5), dit écopli, qui ne coûte que 0,53 euro? du moins pour le moment, car il doit bientôt passer à 0,55 euro pour lancer sa nouvelle formule censée être plus attractive. La direction de La Poste invoque que l'écopli concerne moins de 10 % des lettres envoyées par les particuliers. C'est surtout une façon de tout embrouiller pour justifier les hausses qui se sont multipliées ces dernières années. Au début de 2003, un timbre ne coûtait encore que 46 centimes d'euro. Cette année-là, il était passé à 50 centimes, le gouvernement invoquant alors la nécessité de rétablir l'équilibre du budget de La Poste. Or entre 2003 et 2007 le bénéfice de celle-ci a plus que quadruplé. Le gouvernement a estimé qu'il était temps d'ouvrir la voie aux actionnaires privés en transformant, en 2010, La Poste en société anonyme dont, pour le moment, l'État partage le capital avec la Caisse des dépôts.

Du point de vue des usagers, le bilan est moins glorieux. L'attente aux guichets s'est accrue, du moins là où il existe encore un bureau de poste. L'acheminement du courrier est devenu plus aléatoire, comme l'atteste le nombre de réclamations concernant le courrier qui a plus que doublé en trois ans, passant de 417 237 en 2007 à 862 538 en 2010. Et il ne peut en être autrement, dès lors que trois départs en retraite sur quatre ne sont pas remplacés.

Les suppressions massives d'emplois - 11 700 en 2010 - de même que l'augmentation du prix du timbre ont pour seule justification d'assurer une rentabilité financière maximum. La population est appelée à payer la note, à commencer par tous ceux qui ne disposent pas d'Internet pour envoyer des messages électroniques.

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