Après avoir annoncé son intention de faire produire une nouvelle boîte de vitesses automatique à son usine de Blanquefort près de Bordeaux, Ford claironne partout qu'il sauve ainsi mille emplois, au soulagement des ouvriers qui y travaillent encore.

Il y a seulement quelques années, cette usine comptait 2 500 travailleurs. Et il y a en ce moment un plan de 336 suppressions d'emplois, dont les travailleurs de plus de 55 ans concernés contestent les modalités : les conditions de départ sont révoltantes, certains se retrouvant en préretraite avec des pensions de 1 100 ou 1 200 euros non indexées sur le coût de la vie.

Pour sauver les bénéfices de ses actionnaires quand la crise automobile était au plus fort, en 2008 et 2009, Ford s'est débarrassé des travailleurs, d'abord en taillant dans les effectifs et puis en se dégageant de l'usine et en la cédant à un repreneur. Maintenant que le marché automobile est reparti à la hausse, Ford fait son retour à Blanquefort, en extorquant au passage 35 millions d'euros aux pouvoirs publics, soit entre un quart et un tiers de l'investissement nécessaire. À cela s'ajoute le coût du chômage partiel et de la formation permettant d'attendre le démarrage de la nouvelle production en 2013, qui seront à la charge des pouvoirs publics. Dans l'accord avec ceux-ci, l'éponge est passée sur les irrégularités du plan de suppression de 336 emplois, comme sur tous les aspects discutables de la politique de Ford et les manquements à la législation du travail.

Depuis plusieurs années, les travailleurs de l'entreprise ont débrayé, manifesté et fait entendre leur protestation contre les mauvais plans de ce trust richissime. Aujourd'hui, certains continuent à exprimer la défiance envers cette entreprise qui n'agit que pour ses profits.