Grèce : La spirale infernale de l'endettement11/05/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/05/une-2232.gif.445x577_q85_box-0%2C12%2C167%2C228_crop_detail.png

Dans le monde

Grèce : La spirale infernale de l'endettement

Lundi 9 mai, l'agence de notation Standard & Poor a abaissé la note de la Grèce, indiquant ainsi aux « marchés financiers » que ses problèmes économiques rendaient le pays de plus en plus vulnérable, c'est-à-dire de moins en moins capable de faire face aux échéances de sa dette.

Le lendemain sont arrivés les experts de « la Troïka » comme les appellent les Grecs, ceux de l'Union européenne, de la Banque centrale européenne (BCE) et du Fonds monétaire international (FMI), pour examiner les comptes. Cette visite, prévue de longue date, devait en effet avoir lieu avant le versement de la cinquième tranche du prêt de 110 milliards d'euros accordé au gouvernement grec en 2010.

Dans les milieux financiers, la spéculation a monté d'un cran. Il y a ceux qui tablent sur une faillite au moins partielle du pays, surtout quand ils ont pris la précaution de s'assurer contre ce genre de situation, d'autres qui tablent sur une augmentation des taux d'intérêts qui atteignent déjà des sommets (plus de 15 % sur certains marchés d'obligations).

Tous ces milieux financiers, ces grandes banques, et au premier chef les banques françaises, qui crient à la gabegie du gouvernement grec, ont prévu divers scénarios. Jusqu'à présent la situation leur a bien réussi puisque l'argent qu'ils ont emprunté à la BCE au taux de 1 % - passé maintenant à 1,25 % - ils l'ont prêté à des taux bien supérieurs à l'État grec. En cas de défaut de l'État grec, cela pourrait même être supportable puisque le directeur de BNP Paribas a calculé qu'un bradage de ses obligations grecques coûterait à la banque 1,2 milliard d'euros, ce qui n'est pas dramatique puisqu'il s'attend à un bénéfice de 6 milliards cette année.

Chaque nouvel emprunt - et il est question, même si le gouvernement s'en défend, d'un nouveau prêt de 30 à 60 milliards d'euros pour 2012 - contribue à enfoncer le pays dans la spirale infernale de l'endettement. La dette grecque enfle : elle était de 115 % du produit intérieur brut (PIB), c'est-à-dire de l'ensemble des richesses produites par le pays ; elle devrait atteindre 152 % fin 2011. On fait des dettes pour rétablir la situation, puis on emprunte pour payer les intérêts de ses dettes. Et ceux qui payent, en fin de compte, sont en particulier les couches populaires, les travailleurs, salariés et chômeurs, tous ceux qui ont des revenus leur permettant juste de survivre et qui n'ont pas les moyens de frauder le fisc.

Toutes les mesures exigées par l'Europe et le FMI contribuent à la hausse des prix, à la baisse de la consommation, aux faillites et à la montée du chômage. On compte plus de 15 % de chômeurs. Le gouverneur de la Banque de Grèce n'exclut pas qu'il monte à 18 %. L'augmentation des prix touche tous les secteurs : plus de 50 % en un an pour l'essence, des hausses aussi pour les transports en bateau : à Pâques, beaucoup de Grecs ont renoncé à retourner en famille et les dépenses d'alimentation (oeufs, tomates, citrons, agneau) ont été plus lourdes. Les salaires ont baissé de 14 % en moyenne. Dans la fonction publique, les horaires devraient passer de 37,7 heures à 40 heures, les travailleurs en contrats précaires sont licenciés. La santé et l'enseignement sont l'objet de réformes qui sabrent dans les effectifs. Le programme de privatisation - qu'il s'agisse de l'électricité, du téléphone ou des chemins de fer - exigé par les experts de la Troïka fait craindre des licenciements et une nouvelle détérioration des conditions de travail.

Le 11 mai, les confédérations syndicales du privé (GSEE) et du public (ADEDY) appelaient à une nouvelle grève générale. Il faut mettre un coup d'arrêt à cette politique de rouleau compresseur que les banques veulent imposer à la population et dont elles sont les seules bénéficiaires.

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