Procès de l'hormone de croissance : Une relaxe qui pose question11/05/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/05/une-2232.gif.445x577_q85_box-0%2C12%2C167%2C228_crop_detail.png

Leur société

Procès de l'hormone de croissance : Une relaxe qui pose question

Le 5 mai le procès en appel dans l'affaire de l'hormone de croissance s'est terminé par la relaxe des deux derniers accusés.

L'injection régulière de cette hormone peut permettre à des enfants présentant une croissance insuffisante d'atteindre une taille normale. Dans les années 1980, la seule façon d'obtenir cette hormone était de l'extraire du cerveau de personnes décédées. Ce traitement a représenté un espoir pour de nombreuses familles. Malheureusement, il est apparu rapidement qu'il contenait un risque de transmission d'une maladie mortelle du système nerveux : la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Aux Etats-Unis, le lien entre cette maladie et les injections d'hormone de croissance a été établi dès 1984. Le traitement a été interdit l'année suivante. Les responsables français ont prétendu alors que leur technique de prélèvement était meilleure, ont modifié un peu le procédé de préparation de l'hormone et ont continué à l'utiliser jusqu'en 1988.

Si la France s'est distinguée dans ce domaine, c'est par le nombre de victimes. 1 698 enfants ont été traités, 120 sont morts aujourd'hui, soit plus de la moitié des décès survenus dans le monde à cause de l'hormone de croissance. La maladie peut n'apparaître que plusieurs dizaines d'années après la contamination et les survivants vivent donc dans l'angoisse de la voir se développer.

La première plainte en justice a été déposée en 1991. Un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) de 1992 avait mis en évidence de « graves dysfonctionnements » des dispositifs de fabrication et de diffusion de l'hormone. Successivement des responsables de l'Institut Pasteur et de l'association chargée des prélèvements sur les cadavres ont été mis en examen. Le premier procès en 2008 s'était conclu par un non-lieu pour les sept accusés et les lenteurs judiciaires sont tellement importantes que deux des principaux accusés sont morts entre-temps, dont le seul qui était accusé de corruption.

Aujourd'hui, la présidente de l'association des victimes de l'hormone de croissance parle de catastrophe judiciaire. La justice actuelle n'a effectivement pas permis ou pas voulu faire la lumière sur un scandale comparable à celui du Mediator. De celui-ci au sang contaminé et à l'hormone de croissance, la justice ne trouve que des responsables, jamais coupables ! C'est soit de la cécité, soit une mansuétude troublante.

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