Grippe A : Une pandémie aggravée par la misère26/08/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/08/une2143.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Grippe A : Une pandémie aggravée par la misère

La pandémie de grippe A poursuit sa progression dans le monde, mais elle n'est devenue importante que dans un petit nombre de pays, en particulier dans l'hémisphère Sud où c'est l'hiver en ce moment.

Les caractéristiques de cette nouvelle grippe se précisent peu à peu : elle ressemble beaucoup à la grippe saisonnière, avec environ 5 % des malades qui nécessitent une hospitalisation, et une mortalité de l'ordre de un pour 1 000 malades. Les décès sont survenus chez des patients plutôt jeunes qui présentaient des maladies chroniques. Cependant les femmes enceintes risquent également de développer des formes graves de la maladie et un mort sur trois ne présentait aucune maladie auparavant. Le risque principal de la pandémie réside dans la capacité du virus à infecter une proportion considérable de la population, d'un tiers à la moitié, ce qui la rendrait bien plus dangereuse que la grippe saisonnière, qui touche 5 à 10 % de la population mondiale chaque année.

Pour l'instant, la pandémie ne semble avoir atteint un tel niveau nulle part. L'OMS a recensé 1 800 morts dans le monde, mais il est bien possible que ce chiffre soit sous-estimé et que la pandémie ne soit encore qu'à son début. Ces jours-ci, l'épidémie s'est développée dans les départements et territoires d'outre-mer situés dans l'hémisphère Sud. En Nouvelle-Calédonie la grippe a touché 10 % de la population et a fait cinq morts. Les hôpitaux ont dû modifier leur programme habituel pour se consacrer essentiellement à la grippe. Les généralistes ont été débordés, de nombreuses écoles ont été fermées et l'économie a été ralentie. C'est, à petite échelle, ce qui pourrait arriver dans quelques mois en France, en l'absence de vaccination.

Mais si l'épidémie peut ainsi apparaître grave mais limitée, il ne peut en être ainsi que grâce à la mise en oeuvre d'un système de soins disposant d'un réseau de médecins généralistes et d'hôpitaux, ainsi que de médicaments et de matériel de réanimation pour soigner les cas graves. Ce système peut être débordé par l'épidémie, comme en Nouvelle-Calédonie, mais il réduit à l'évidence considérablement les dégâts de celle-ci.

Le sida a été découvert aux États-Unis à la fin des années 1970. Trente ans plus tard, les deux tiers des malades du monde habitent l'Afrique. Cela est dû à la faiblesse du système de santé et aux déplorables conditions de vie dans cette partie du monde. La pandémie grippale risque bien de connaître la même évolution. Le plan de lutte contre la pandémie de l'OMS en Afrique dispose d'un budget de 493 000 euros. Par comparaison, le gouvernement français a commandé pour près d'un milliard d'euros de vaccins. La préparation contre la pandémie en Afrique se réduit par exemple pour la Croix-Rouge à des campagnes de prévention comprenant des conseils d'hygiène simples, comme de se laver les mains avec du sable ou des cendres. Sans personnel médical, sans antibiotique, sans vaccin, rien d'autre ne sera possible.

De nombreuses autres maladies infectieuses font déjà des ravages en Afrique. Le paludisme y tue par exemple un enfant de moins de 5 ans toutes les 40 secondes, alors que des médicaments efficaces existent pour soigner cette maladie. La grippe pourrait sembler négligeable dans un tel contexte, mais en fait elle est bien plus dangereuse sur des organismes affaiblis par la malnutrition ou les autres infections.

Ainsi, la pandémie actuelle risque de devenir une catastrophe dans les pays pauvres et, à part des discours, les dirigeants du monde capitaliste ne comptent apparemment rien faire pour empêcher cela. Le principe de précaution ne s'applique pas aux habitants du Tiers Monde.

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