Grèce : La colère de la population suite aux incendies26/08/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/08/une2143.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grèce : La colère de la population suite aux incendies

En Grèce, depuis vendredi 21 août, plus de quatre-vingts incendies se sont déclarés et ont déjà brûlé 20 000 hectares de forêt et de nombreuses maisons. Et si les pompiers, épaulés par des renforts aériens internationaux, ont réussi à stopper l'avancée des flammes dans les régions boisées au nord et nord-est d'Athènes, de nombreux autres foyers continuent leur progression. Dans cette région, où l'état d'urgence a été décrété, des villages et des hôpitaux ont dû être évacués.

Les maires des communes touchées par le feu ne cessent de réclamer plus de moyens et de nombreux habitants se plaignent de ne devoir compter que sur eux-mêmes pour combattre les flammes. Avec les moyens du bord : des tuyaux d'arrosage, des branches d'arbre et parfois de simples bouteilles d'eau.

Ce n'est pourtant pas la première fois que la Grèce est ravagée par les feux. En 2007, une vague d'incendies avait causé la mort de 77 personnes et laissé des milliers de familles sans abri. Mais le gouvernement de Costas Caramanlis n'a tenu aucune des promesses qu'il avait faites à l'époque pour lutter contre les feux de forêt.

Le nombre de pompiers n'a pas suffisamment augmenté, dans ce pays composé aux trois quarts de montagnes et de pinèdes, souvent dépourvues de routes et de prises d'eau. De plus, les pompiers sont souvent équipés de matériel usé et inadapté ; la conception de nombreux camions notamment date des années soixante. De toute façon, des voies de pénétration pour les engins des pompiers n'ont même pas été prévues, sans parler des coupe-feu et du débroussaillage.

La sécheresse qui frappe régulièrement le pays n'explique pas tout. La spéculation immobilière joue également un grand rôle dans ces incendies. Dans ce pays où il n'existe aucune délimitation précise entre forêts, terres agricoles et zones résidentielles, le propriétaire d'une zone boisée incendiée peut facilement prétendre qu'il s'agissait de terrains constructibles, pour y faire pousser des villas, des complexes hôteliers ou des casinos. La corruption aidant, de nombreuses banlieues se sont développées comme ça, au mépris de la loi sur la reforestation.

Ainsi, dans la région du mont Hymette, dans la banlieue d'Athènes, les habitants ont protesté contre l'ouverture de 36 chantiers de construction ces derniers mois, en dépit d'une suspension des autorisations de construire. Quant au mont Pentélique, qui en 1997 était encore couvert d'une forêt dense, il est devenue une banlieue chic de la capitale, les terrains dévastés par les incendies ayant vu se multiplier les somptueuses villas. Le maire conservateur de Pendeli, une banlieue très convoitée située au nord d'Athènes, raconte pour sa part que « notre terre vaut de l'or et les constructeurs font pression pour planter des maisons », ajoutant : « l'État a la plus grande part de responsabilité ; il a qualifié la région constructible après les feux de forêt. »

Alors, quand le gouvernement dit mettre tous les moyens en oeuvre pour lutter contre le feu, la population a de bonnes raisons d'en douter. En revanche, depuis des mois, il a su ponctionner 28 milliards d'euros venant des fonds publics pour arroser les banques soit-disant en difficulté.

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