Sarkozy aux banquiers : Continuez à spéculer, mais plus discrètement !26/08/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/08/une2143.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sarkozy aux banquiers : Continuez à spéculer, mais plus discrètement !

Avant de recevoir, pour la septième fois en un an, les dirigeants des banques françaises, Sarkozy et ses ministres répétaient, prenant des airs excédés, que cela ne pouvait plus durer, qu'on allait voir ce qu'on allait voir ! Cette fois encore, le sabre avec lequel le président faisait des moulinets était sans lame.

Les banques françaises sont désormais invitées - invitées seulement - à se montrer plus circonspectes en matière de bonus destinés à leurs traders. Cela signifie tout au plus qu'elles devront être plus discrètes que ne l'a été la BNP qui, imprudemment, avait laissé filtrer l'information sur le milliard d'euros mis en réserve pour rétribuer ses traders. Dorénavant, le versement d'une partie des bonus devrait être différé, et l'intégralité ne devrait être perçue par les traders qu'au bout de trois années, à condition que, sur cette période, la spéculation ait été rentable. Sinon, il y aurait même un malus possible, ou plus exactement, car il n'est pas question de faire payer les spéculateurs malheureux, un bonus diminué. Au final, la recommandation de l'Élysée se réduit à demander aux banques de continuer à spéculer tout comme avant, mais à spéculer gagnant.

Les banquiers ont fait semblant d'obtempérer, sachant fort bien qu'une telle mesure, dont les effets se produiraient au bout de trois années, est sinon inapplicable, du moins sujette à toutes les interprétations. D'autant que l'homme choisi pour exercer le contrôle sur le bilan de ces spéculations est lui-même un haut fonctionnaire, Camdessus, ancien directeur du Fonds monétaire international, qui est depuis toujours un proche des banquiers. On verra bien ce que ce monsieur aura constaté, dans plus de trois ans, sur les pratiques des banquiers. Sans être devin, on peut prédire qu'on ne verra pas grand-chose, sinon que les banques françaises n'auront rien changé à leurs pratiques et auront continué à spéculer sans entrave. Comme les y encourage Sarkozy.

D'autant que ce dernier leur fournit à l'avance un alibi. Elles sont, dit-il, soumises à la concurrence internationale. Les recommandations faites aux banquiers de l'hexagone d'adopter un comportement plus vertueux dépendent donc de l'attitude de la finance internationale. Une finance que Sarkozy peut encore moins maîtriser qu'il ne maîtrise les banquiers « bien de chez nous ». Il le sait bien. Mais cela ne l'empêche pas de refaire son numéro habituel. À Pittsburgh, où se tiendra la prochaine rencontre des chefs d'États les plus riches du monde, le G20, endossant sa cape de super-président de la planète et de ses environs, il va faire semblant de se battre farouchement pour imposer au système bancaire international des règles de bonne conduite. Sans même attendre l'issue de cet héroïque combat, on sourit à l'avance dans les milieux de la banque et de la finance.

À s'agiter de la sorte - verbalement il est vrai -, de sommet en sommet, Sarkozy ne risque-t-il pas de perdre l'équilibre ?

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