Air France - nouveau slogan de la direction : « Bouclez votre ceinture »... et surtout, serrez-la !26/08/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/08/une2143.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Air France - nouveau slogan de la direction : « Bouclez votre ceinture »... et surtout, serrez-la !

À Air France, on a eu droit ces derniers mois à ce que la direction appelle les « phases 1 et 2 » de son plan d'économies face aux difficultés qu'elle dit rencontrer, notamment une moindre fréquentation de ses lignes du fait de la crise, une situation qui est générale au transport aérien mondial.

« Phases 1 et 2 »

Cela a consisté à imposer, ces derniers mois, à certains d'entre nous de prendre un maximum de congés en été, pour que la direction n'ait plus à leur accorder des jours supplémentaires au titre des congés fractionnés ou d'hiver. Depuis des années, elle avait pourtant fortement incité le personnel à partir hors période estivale, bien sûr quand et là où cela l'arrangeait pour organiser le travail.

Pour ne plus embaucher, la direction a aussi développé la « mobilité entre les sites ». Autrement dit, elle a poussé, au gré de ses besoins, des travailleurs de certains secteurs à aller travailler parfois loin de chez eux. Toujours pour ne pas embaucher, elle a incité des salariés à changer de métier pour qu'ils aillent travailler dans les secteurs où la compagnie avoue manquer de monde. Et pour réduire la « masse salariale », elle a incité des gens, surtout parmi le personnel administratif, à passer d'un emploi à temps plein à un temps partiel.

Mais surtout, la direction a mis dehors pratiquement tous les salariés en CDD et en contrats d'intérim. De ce fait et compte tenu du non-remplacement des départs en retraite, depuis 2007 Air France est passé, selon son directeur général, de 44 500 à 40 642 salariés pour le personnel au sol. En deux ans, elle a donc supprimé environ 4 000 emplois : un sur onze ! Et récemment, elle a annoncé des mesures contre le personnel navigant.

Jamais 2 sans 3

Mais pour la direction, cela ne suffit pas. Les prévisions en matière de transport aérien, selon son directeur général, ne laissent pas entrevoir « la moindre embellie » et, l'an dernier, elle aurait connu le premier déficit de son histoire... Bien sûr, elle évite de rappeler qu'Air France est, depuis des années, la compagnie la plus profitable du monde, ce qui lui a permis d'accumuler 5,7 milliards d'euros de liquidités disponibles, quand elle annonce qu'elle va « demander des efforts supplémentaires à chacun ».

Nouvelles suppressions d'emplois annoncées

Pour cela, cet été, elle a entrepris de travailler l'opinion avant de lancer la phase 3 de son « plan d'action face à la crise » qui démarrerait courant septembre. D'abord, elle a réuni discrètement deux cents de ses principaux cadres, à charge pour eux de réunir ensuite l'encadrement et le personnel dans les services pour leur annoncer ce qu'elle leur prépare, à commencer par de nouvelles suppressions d'emplois : 2 000 en 2009-2010, 4 500 étant prévues d'ici 2011.

La direction parle de « mesures de chômage partiel à la rentrée », de « plan social » ou de « départs volontaires ». Mais qu'est-ce que cela peut bien vouloir dire, sinon qu'elle va pousser vers la porte des travailleurs dont elle ne veut plus ! En fait, c'est toute une panoplie d'attaques tous azimuts contre les salariés de la compagnie que la direction prévoit, afin de gratter le moindre euro sur le dos des travailleurs.

Comme elle sait que cela pourrait susciter des réactions de la part des travailleurs, elle cherche à les désamorcer par avance au moyen du chantage et de menaces. Il faudrait faire des sacrifices sans rechigner, dit-elle, sinon il pourrait y avoir un plan de licenciements, y compris pour les catégories de personnel ayant un contrat à durée indéterminée.

Pour l'heure, une partie de ses salariés est en congé et la direction d'Air France n'a pas encore tenté de mettre à exécution ses menaces. Mais une chose est sûre : si, après la rentrée, on la laissait faire, cela ne ferait que l'encourager à poursuivre ses attaques contre tous les travailleurs de la compagnie, quel que soit leur statut.

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