Éducation nationale : Le ministère s'acharne contre les instituteurs « désobéisseurs »26/08/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/08/une2143.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Éducation nationale : Le ministère s'acharne contre les instituteurs « désobéisseurs »

Nombreux sont ceux, enseignants, parents ou élèves, qui contestent les prétendues « réformes » décidées par Darcos, le précédent ministre de l'Éducation nationale. Dans les écoles primaires en particulier, la suppression de la classe du samedi matin remplacée hypocritement par deux heures « d'aide individualisée », à placer sur la pause déjeuner ou en fin de journée, est largement critiquée par tous ceux qui constatent la fatigue des enfants devant des journées déjà longues.

Toutes les protestations, les mouvements, les journées de grèves et de manifestations tant des parents d'élèves que des enseignants ont laissé de marbre un ministre évidemment préoccupé par les économies de postes que ses élucubrations pseudo-pédagogiques tentaient tant bien que mal de couvrir. À elle seule, la suppression de la moitié des postes d'enseignants spécialisés des Rased (réseau d'aide aux élèves en difficulté), pourtant connus pour leur efficacité, prouverait que les intentions de Darcos n'étaient que comptables : il s'agissait, après les milliers de postes supprimés dans les écoles, collèges et lycées en 2008, de parvenir à l'objectif fixé par le gouvernement de rayer du budget 13 500 postes pour la rentrée 2009.

Bien des instituteurs, des directeurs d'école, se sont élevés contre l'absurdité et l'opacité des consignes ministérielles, chargeant le programme scolaire des enfants, en même temps que la politique d'économies chargeait les classes par la suppression de postes d'enseignants ou la fermeture de classes. 2 800 d'entre eux, selon les syndicats, l'ont fait savoir, certains même refusant explicitement, dans l'intérêt des jeunes élèves, d'appliquer cette « réforme » qu'ils considèrent comme inapplicable. Ils se sont nommés les « désobéisseurs » et, à ce titre, ont parfois été durement sanctionnés par leur hiérarchie. Deux instituteurs de Marseille se sont par exemple vu prélever 32 jours de salaire sur une période de trois mois, un enseignant de Haute-Garonne a été sanctionné par la rétrogradation d'un échelon sur son salaire (environ 150 euros par mois).

Récemment, le tribunal administratif de Marseille a ordonné l'annulation des sanctions financières visant ces deux enseignants, au motif que les « modalités des obligations de service » prétendument non respectées étaient imprécises et qu'un « doute sérieux quant à la légalité de la décision » existait. Le tribunal condamnait d'ailleurs l'État à verser 1 000 euros aux enseignants, qui avaient, en tant qu'« aide individualisée », mis en place des ateliers éducatifs de lecture ou d'informatique, soutenus par la municipalité.

L'affaire n'en restera pas là puisque le ministère, à présent dirigé par Luc Chatel, vient d'annoncer qu'il n'acceptait pas la décision du tribunal de Marseille et décidait d'engager un pourvoi en cassation. Le gouvernement tente ainsi de montrer à tous, enseignants, lycéens, parents, une fois de plus, sa détermination à poursuivre sur la voie de la dégradation de l'Éducation nationale au seul bénéfice... des économies budgétaires, comme les 16 000 nouvelles suppressions de postes programmées en 2010 le prouvent.

Partager