Flash-ball - Montreuil (Seine-Saint-Denis) : Des bavures et des responsables de haut niveau26/08/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/08/une2143.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Flash-ball - Montreuil (Seine-Saint-Denis) : Des bavures et des responsables de haut niveau

Le 8 juillet dernier, à Montreuil-sous-Bois en Seine-Saint-Denis, la police réprimait avec violence une manifestation de soutien contre l'expulsion de squatteurs qui occupaient une clinique désaffectée. Un manifestant de 34 ans y perdit un oeil à la suite d'un tir de flash-ball par un policier de la BAC (brigade anti-criminalité, spécialisée dans les interventions dans les "quartiers difficiles").

Mais cette fois la victime n'était pas un quelconque jeune de quartier, mais Joachim Gatti, un jeune réalisateur, petit-fils d'un écrivain connu, Armand Gatti, et même si le policier qui a tiré n'est toujours pas identifié, il est clair que personne ne nie la responsabilité de la police.

Les résultats de l'enquête menée par l'IGS, la police des polices, indiquent en effet clairement que la police n'a pas respecté les consignes concernant l'utilisation des flash-balls, ces pistolets à balles en caoutchouc non-perforantes mais dont la violence - même à dix mètres - correspond à celle d'un énorme coup de poing, donné par un champion de boxe. Un coup de poing qui peut mutiler ou tuer, s'il est donné de trop près ou sur des parties trop fragiles du corps.

En mai dernier, à la suite de divers accidents graves, des règles avaient été rappelées. Le flash-ball ne devait être utilisé qu'en cas de légitime défense ; interdiction était faite de tirer au niveau de la tête. Et dans toutes les situations il fallait respecter la distance minimum de sept mètres. Ces recommandations ont été clairement bafouées dans les événements de Montreuil où, de l'avis de tous les témoins, il n'y avait pas la moindre raison d'invoquer la légitime défense.

Alors aujourd'hui l'enquête suit son cours. Les policiers excités du flash-ball sont visés. À juste titre, bien sûr. De hauts responsables de la police au niveau de la Seine-Saint-Denis sont aussi mis en cause, comme pourrait l'indiquer la mutation (avec promotion, comme toujours) du directeur départemental de la sécurité publique, Jean-François Herdhuin. Mais cela ne doit pas faire oublier que cet engin, qui peut causer la mort, qu'est le flash-ball, introduit en 1995, pour certains services spéciaux de police, comme le RAID (corps destiné à intervenir dans les prises d'otages, séquestrations, grand banditisme, etc.), a été autorisé par Sarkozy en 2002 pour la police de proximité. Rappelons que Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, voulait apparaître comme le caïd de la sécurité.

Alors c'est haut, bien haut qu'il faut viser pour atteindre les responsables de cette bavure tragique qui ressemble à tant d'autres drames que l'on ignorera toujours.

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