Au PS : Choeur sur l'air des primaires26/08/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/08/une2143.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Au PS : Choeur sur l'air des primaires

Dans la course à l'Élysée pour 2012, la compétition fait rage depuis un bon moment, en particulier au PS. Les candidats y sont nombreux, et c'est à qui trouvera le moyen de se mettre en évidence. Arnaud Montebourg vient de relancer l'idée d'une primaire à gauche, à laquelle se sont ralliés, avec plus ou moins de fougue, un éventail de dirigeants socialistes, de Benoît Hamon, qui se dit à gauche de ce parti, à Laurent Fabius, en passant par Delanoë.

De quoi s'agit-il ? De proposer qu'une fraction de l'électorat puisse choisir, avant l'élection officielle, le candidat d'un parti ou d'une coalition. À l'exemple de ce qui se fait aux États-Unis pour le choix des deux candidats des deux principaux partis, le Parti républicain, et le Parti démocrate. Ou autre variante, bien différente, à l'exemple de ce qui s'est fait récemment en Italie pour désigner le candidat de la « gauche », à condition de prendre ce terme dans un sens très très large.

Aux États-Unis, cette procédure existe depuis très longtemps. Selon des formules qui varient d'un État à l'autre, des électeurs sont invités à choisir les délégués qui lors des conventions nationales éliront le candidat du parti des deux camps en lice. Personne ne peut sérieusement prétendre qu'une telle pratique, complexe à souhait, favorise une réelle participation des citoyens américains à leur destin politique.

En Italie, on a eu recours à des primaires en octobre 2005. Plus de quatre millions d'électeurs y participèrent, choisissant à plus de 70 % Romano Prodi... qui fut élu chef du gouvernement quelques mois plus tard. Comme il était prévisible, ce gouvernement ne pratiqua pas une politique favorable aux travailleurs ou aux classes populaires. Loin s'en faut. Son successeur à la tête de l'opposition dite de gauche, Veltroni, issu lui aussi de primaires, ne représentait pas une option plus à gauche, ni l'espoir d'une politique favorable à la population laborieuse. Cela se traduisit par une désaffection massive des milieux populaires, et par un triomphe de Silvio Berlusconi en 2008.

Ces exemples, qui - au moins par le vocabulaire - servent de références aux partisans des primaires, montrent que cette pratique ne peut constituer un moyen de régénérer la gauche, ni non plus de lui garantir un succès sur la droite. Ces pratiques n'ont même rien à voir avec cette démocratie participative dont on nous parle d'autant plus que l'on se garde d'en définir les modalités et les contours. Mais en aucun cas ils ne laissent l'espoir d'une politique en faveur des classes populaires

Même si ce projet de « primaires » prenait corps, ce qui est loin d'être fait, cela fournirait l'opportunité pour un politicien issu de tel ou tel courant du PS, voire du Modem - Prodi n'était-il pas le pendant italien de Bayrou ? - d'obtenir une légitimité, une caution populaire, une sorte de mini-plébiscite donnant au gagnant une stature de champion de l'antisarkozyme. Tout au plus.

Pour faire quelle politique, sur quel programme ? Ces champions des primaires se gardent de le dire. Et ce n'est pas par hasard.

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