Pendant la crise les rivalités européennes continuent16/10/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/10/une2098.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Pendant la crise les rivalités européennes continuent

Dimanche 12 octobre, les dirigeants des principaux États européens de la zone euro, réunis au sein de l'Eurogroupe, ont adopté une série de mesures pour faire face à la crise. En fait, elles visent d'abord à rétablir la confiance sur les marchés financiers.

Des sommes colossales - on parle de 1 700 milliards d'euros au total - vont donc être mises à la disposition des banques en difficulté, dont 360 pour la France, 480 pour l'Allemagne, 200 pour les Pays-Bas, 100 pour l'Espagne et l'Autriche... sans parler des 380 milliards d'euros de la Grande-Bretagne qui, ne faisant pas partie de la zone euro, n'était pas présente le 12 octobre. Ces milliards serviront à garantir des prêts interbancaires et à " recapitaliser " les banques, c'est-à- dire à leur apporter de l'argent frais.

À l'issue de la réunion, Sarkozy, président pour six mois de l'Union européenne, et les autres dirigeants, de Merkel, la chancelière allemande, à Barroso, le président de la Commission européenne, en passant par Juncker, le président de l'Eurogroupe, n'ont pas trouvé de mots assez forts pour se féliciter de ce qu'ils présentent comme une action unie de l'Europe.

Mais cette unité n'est que de façade. Il suffit, pour s'en convaincre, d'entendre Sarkozy déclarer : " Ce soir ce devait être l'heure de l'Europe qui affiche son unité " et ajouter aussitôt " Demain ce sera l'heure de chaque nation qui tirera les conséquences de ce que l'Europe a décidé ".

Car dans les faits, c'est chaque bourgeoisie nationale, avec l'aide de l'État à son service, qui décidera comment et avec quels moyens aider ses banques et ses établissements financiers nationaux pour les empêcher de faire faillite ou d'être absorbés.

L'Union européenne, malgré ce qu'en disent ses dirigeants, n'est qu'une juxtaposition d'États aux intérêts divergents, dominée de fait par quatre puissances, l'Allemagne, la France, l'Italie et la Grande-Bretagne qui voudraient imposer leur loi aux 23 autres pays de l'Union, ceux qui pèsent moins lourd économiquement et politiquement.

Mais même ces quatre-là, comme la réunion du G4 que Sarkozy avait organisée à l'Elysée l'a montré, jouent chacun pour eux-mêmes. Ce que Sarkozy, Merkel, Berlusconi et Brown ont décidé, ce n'est pas du tout de coordonner leurs moyens pour une politique à l'échelle du continent, ce que peut faire par exemple la bourgeoisie américaine avec son État fédéral, mais seulement entériner en fait que chaque État, chaque banque nationale, va aider ses banques et institutions financières nationales à faire face à la crise et à la concurrence des autres États.

En fait d'union, l'Europe du capital montre ses limites. C'est le " chacun pour soi ". Mais cela fait tellement mieux de prétendre le contraire.

Partager