Israël : Les Arabes israéliens sont toujours des Palestiniens16/10/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/10/une2098.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël : Les Arabes israéliens sont toujours des Palestiniens

Des affrontements très violents ont eu lieu les 8, 9 et 10 octobre à Saint-Jean-d'Acre, en Israël, entre Juifs et Arabes.

À l'origine de ces incidents, le fait qu'un automobiliste arabe est simplement rentré chez lui pendant la fête juive de Yom Kippour. La règle religieuse juive étant de s'abstenir de circuler en voiture ce jour-là, des voyous juifs - des religieux, anciens colons de Cisjordanie et de Gaza - s'en sont pris à lui et ont caillassé sa voiture. Une rumeur s'est propagée, faisant croire que cet automobiliste arabe aurait été tué, provoquant la colère de centaines de jeunes Arabes, qui à leur tour ont saccagé des dizaines de vitrines et de voitures, tandis que de jeunes Juifs brûlaient des biens appartenant à la population arabe.

La police a arrêté l'automobiliste arabe, et son porte-parole a déclaré qu'il " a été placé en détention pour trois jours... pour atteinte aux sentiments religieux ". Des centaines de policiers campent dans les points stratégiques de la ville, contrôlant toutes les allées et venues.

Les journaux français, relatant ces incidents, insistent sur la coexistence qui aurait précédemment existé entre les populations juive et arabe de cette ville, et plus généralement dans toutes les villes d'Israël.

En fait, la population arabe israélienne est, depuis la création de l'État d'Israël, considérée comme des citoyens de seconde zone. La majorité des Palestiniens ont été chassés hors du territoire qui constitue aujourd'hui Israël. Ceux qui y sont restés, et leurs descendants, représentent aujourd'hui entre 15 et 20 % de la population. Ils ont certes la nationalité israélienne, mais dans les faits ils subissent de multiples discriminations, y compris légales. Les services publics ne sont pas également répartis : les subventions pour les services de santé ou les écoles sont systématiquement moins importantes dans les quartiers ou les villes à majorité arabe. Le salaire des Arabes israéliens est en moyenne un tiers inférieur, avec un taux de chômage beaucoup plus important que dans la majorité juive. Ils ont les emplois les plus durs et les moins bien payés et ils subissent de plein fouet les conséquences de la crise économique.

Les Arabes israéliens se sentent évidemment solidaires des Palestiniens vivant dans les territoires occupés, et beaucoup se proclament " Palestiniens " d'Israël. Souvent, la police se comporte avec eux comme elle se comporte avec les Palestiniens des territoires occupés, avec la couverture des autorités. Ainsi le 27 janvier dernier le procureur général de l'État d'Israël abandonnait toute poursuite contre les policiers qui avaient tué, en octobre 2000, des Israéliens arabes qui manifestaient leur solidarité avec les Palestiniens.

Évidemment, les dirigeants israéliens n'ont cessé de faire de grandes déclarations sur la " démocratie " d'Israël, en mettant en avant les quelques Arabes israéliens qui sont députés, un ministre arabe, ou encore la " Miss Israël " 1999 qui était arabe. Cela ne peut pas faire oublier que l'État israélien est un État raciste, qui maintient une discrimination à l'égard d'un cinquième de sa population, et en même temps un État religieux, qui impose à toute sa population des règles rétrogrades.

La poursuite de la politique criminelle des gouvernements israéliens envers les Palestiniens des territoires occupés ne peut qu'exacerber de plus en plus les tensions entre Juifs et Arabes au sein même de l'État d'Israël.

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