En 1996, le Sommet mondial de l'alimentation se fixait comme objectif de réduire de moitié avant 2015 le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde. Or depuis cette date, la situation n'a cessé de se dégrader.

Selon le récent rapport de la FAO, l'organisation mondiale pour l'agriculture et l'alimentation, en 2007 la planète comptait 923 à 925 millions de personnes souffrant de la faim, contre 850 au début de la décennie. La malnutrition affecte plus particulièrement 55 millions d'enfants, et 19 millions d'entre eux seraient menacés de mort à court terme.

Comme l'a dénoncé le sociologue et homme politique suisse Jean Ziegler, ancien rapporteur de l'ONU pour le droit à l'alimentation, " un enfant qui meurt de faim aujourd'hui est un enfant assassiné ". En effet le monde dispose largement des richesses nécessaires pour éradiquer ce fléau. Selon les experts, pour sauver ces 19 millions d'enfants souffrant de malnutrition aiguë, il suffirait de 3 milliards d'euros par an. Or les grandes puissances, qui sont capables de trouver du jour au lendemain des centaines de milliards pour voler au secours des établissements financiers, refusent de dégager les fonds nécessaires. " Depuis des années, aucune des promesses faites par la communauté internationale pour venir à bout de la faim et de la malnutrition n'a été tenue ", rappelait récemment l'association Action contre la faim.

Selon les responsables du Programme alimentaire mondial, agence de l'ONU chargée notamment de distribuer l'aide alimentaire aux populations touchées par la faim, la contribution des États à son action est tombée en 2008 à son niveau le plus bas depuis quarante ans. Son manque de moyens est tel que l'agence en est réduite à rationner la nourriture pour les réfugiés. Au Darfour par exemple, un adulte ne reçoit plus que 1 600 calories par jour, au lieu des 2 200 recommandées par l'Organisation mondiale pour la santé.

Ainsi, de l'Afghanistan à Haïti, en passant par le Liberia, le Mozambique, l'Éthiopie et la Somalie, c'est près d'un milliard d'êtres humains qui aujourd'hui ne mangent pas à leur faim. Une situation d'autant plus révoltante que ce n'est pas parce que la planète ne peut pas les nourrir, mais parce qu'ils sont trop pauvres pour pouvoir se procurer de quoi vivre.