Succès de la manifestation des victimes de l'amiante : Une lutte qui se poursuit16/10/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/10/une2098.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Succès de la manifestation des victimes de l'amiante : Une lutte qui se poursuit

Pour la quatrième année consécutive, l'Association nationale des victimes de l'amiante (Andeva) a organisé samedi 11 octobre une manifestation nationale à Paris. Des milliers de manifestants de la région parisienne, du Nord-Pas-de-Calais, de Normandie, d'Ardèche, des Landes, du Puy-de-Dôme, de la région marseillaise, de l'Yonne... étaient venus pour dénoncer toutes les injustices faites aux malades.

Injustice, les retards pris par le fonds d'indemnisation des victimes (FIVA) qui n'indemnise plus dans les délais prévus par la loi. Il faut maintenant jusqu'à deux ans aux victimes pour recevoir cette indemnité. Rien que l'an passé, le nombre des demandes a augmenté de 33 %, sans que le personnel nécessaire pour traiter les dossiers soit plus nombreux. Comme l'a dit le président de l'Andeva dans son intervention : " Les victimes de l'amiante ne sont pas responsables d'être trop nombreuses ! C'est au Fiva de s'adapter à ce nombre grandissant. Ce n'est pas aux victimes d'en faire les frais ".

Injustice encore, pour l'attribution de l'allocation de cessation anticipée d'activité des travailleurs de l'amiante (Acaata) qui ne concerne que quatre secteurs industriels. Mais dans le Bâtiment, la Sidérurgie, l'Automobile (pour ne citer qu'eux) où de nombreux travailleurs ont été exposés, aucun ne bénéficie de l'allocation. Il faut lever ces restrictions, de façon à permettre à tous les travailleurs concernés de partir en préretraite avant 60 ans. La préretraite amiante n'est pas un privilège, c'est un droit qui devrait s'appliquer à tous, alors que le gouvernement et le patronat veulent au contraire le limiter par mesure d'économies.

Injustice toujours, dans les lenteurs et l'inertie de la justice. Cela fait douze ans que les premières plaintes pour empoisonnement ont été déposées. Mais à ce sujet il n'y a toujours pas eu de procès pénal des industriels et des employeurs responsables de la production et de l'emploi de l'amiante, un produit qui fait 3 000 morts par an et dont la nocivité était parfaitement connue.

Grâce à la pression des victimes, il existe tout de même, depuis quelques années, une instruction au pôle judiciaire de santé publique à Paris. Mais au rythme où vont les choses, les enquêtes n'y seront pas terminées avant les années 2013-2014. Du personnel supplémentaire a bien été affecté à ce pôle, seulement il ne l'a pas été pour l'amiante, mais pour le dopage, le Tour de France, etc. La justice et l'État ne se pressent pas et jugent a minima quand il s'agit de la vie des travailleurs.

L'assassinat de masse par l'amiante, sans autre mobile que l'accumulation des profits, se poursuit donc année après année puisque l'amiante pourrait continuer à causer la mort en France de 100 000 personnes d'ici 2025. Mais comme ses prédécesseurs Rachida Dati, la ministre de la Justice, s'est contentée de promettre à une délégation de manifestants de nouveaux moyens pour l'instruction, ce à quoi elle s'était déjà engagée en janvier.

Le préjudice moral reconnu par l'État en cas d'empoisonnement par l'amiante est de 30 000 à 40 000 euros. Mais pour Tapie, le préjudice moral s'est monté à 45 millions d'euros dans l'affaire l'opposant au Crédit lyonnais. Entre un travailleur gravement malade et un homme d'affaires bien vu du pouvoir, la différence est de un à plus de mille !

Enfin, la manifestation a rappelé que l'utilisation d'amiante dans le monde n'a jamais été aussi importante. Dans de nombreux pays d'Afrique, d'Asie, d'Amérique latine, un drame semblable à celui que vit ici la classe ouvrière se met en place.

Plus que jamais, les victimes ne comptent que sur leur mobilisation et sur leur action pour défendre leurs droits.

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