360 milliards pour les banquiers : Un bluff....qui prépare de dures réalités16/10/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/10/une2098.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

360 milliards pour les banquiers : Un bluff....qui prépare de dures réalités

En septembre, pour faire comprendre que les caisses de l'État étaient vides, Sarkozy clamait : " L'État ne peut pas donner l'argent qu'il n'a pas ". Fillon, lui, allait encore plus loin en déclarant solennellement : " La France est en état de faillite virtuelle ". Et voilà que, moins d'un mois après, ils sortent de leur chapeau une somme de 360 milliards d'euros dont ils affirment qu'elle est à la disposition des banques, pour assurer leurs besoins et pour payer les trous qu'elles ont faits dans leur caisse. Sur ces 360 milliards, 40 milliards serviront à la recapitalisation des banques et 320 milliards seront là à titre de garantie.

Il est vrai que Sarkozy, en présentant cette mesure, a déclaré aussi que cette somme ne sera probablement pas dépensée. Autrement dit, il espère que l'État n'aura pas à mettre effectivement cet argent sur la table. Tout cela ressemble furieusement à un tour d'illusionniste, car de son propre aveu le gouvernement n'a pas cette somme en caisse. Il n'a déjà même pas de quoi honorer l'engagement, tout aussi solennel, que les mêmes ont rappelé récemment : celui de garantir jusqu'à 70 000 euros chacun des comptes bancaires des particuliers en cas de défaillance d'une banque. Le fonds censé garantir ces sommes, qui devrait compter des dizaines de milliards, s'élève à moins de deux aujourd'hui.

Il s'agit en fait d'une opération de bluff, ayant pour but de " rassurer les marchés ", des marchés qui n'ont rien d'anonyme, mais qui sont composés de quelques milliers de très riches capitalistes, de banques et de compagnies d'assurances.

Cette offre mirifique du gouvernement est un encouragement à tous ces gens-là pour qu'ils reprennent leurs bonnes affaires et en particulier leurs spéculations. Mais si le résultat était finalement d'aggraver encore le plongeon de certaines banques, et si celles-ci venaient frapper à la porte pour demander l'argent promis, que pourrait faire le gouvernement ? Il lui faudrait alors trouver tous les expédients possibles pour donner ce que, pour le moment, il n'a pas.

Par exemple, avec la complicité des autres gouvernements de la zone euro, qui ont fait les mêmes promesses, on pourrait faire tourner la planche à billets pour créer, à partir de rien, des centaines de milliards. C'est déjà ce que fait, et depuis longtemps, l'État américain, grâce à sa position dominante. Mais dans le cas de l'euro, encore faudrait-il que tous les États de la zone euro soient d'accord, sous peine de mettre l'euro lui-même en péril. La conséquence, ce serait une inflation débridée avec une hausse des prix à deux ou à trois chiffres, comme cela a existé dans certaines périodes. Ou encore, et en même temps peut-être, les États pourraient chercher à emprunter à n'importe quel prix, là où ils trouveraient des capitaux disponibles et qu'il leur faudrait bien rémunérer, tout en faisant payer cela aux classes populaires par des restrictions budgétaires massives.

En tout cas, quarante milliards seront donnés de toute façon aux banques, en quelque sorte à titre d'escompte et ils seront financés par l'aggravation des dettes de l'État, pourtant déjà, selon les mêmes, " au maximum tolérable ". La liste des expédients possibles n'est pas close et la seule chose sûre dans tout cela, c'est que le gouvernement est prêt à tout faire pour trouver jusqu'à des centaines de milliards quand il s'agit de sauver la mise à des capitalistes et leur redonner confiance... dans le fait qu'ils pourraient continuer à faire des affaires sur le dos de toute la population.

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