Hospices Civils de Lyon (HCL) : La dégradation planifiée de l'hôpital public21/05/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/05/une2077.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hospices Civils de Lyon (HCL) : La dégradation planifiée de l'hôpital public

L'Agence régionale de l'hospitalisation (ARH) et les Hospices Civils de Lyon (HCL) ont commandé deux audits sur la situation financière et les investissements engagés depuis plus d'une décennie pour la modernisation des HCL. Le bilan de ces audits a été présenté le 5 mai au conseil d'administration et aurait révélé une situation financière inquiétante de l'ensemble des hôpitaux lyonnais.

Sur un budget de 1 250 millions d'euros, les HCL présentent un déficit d'exploitation de 70 millions d'euros en 2007, qui pourrait atteindre 110 millions en 2008 et 500 millions en 2012. Un plan d'économies importantes est envisagé sur plusieurs années, qui pourrait avoir de graves conséquences pour la modernisation des établissements, l'avenir de certains services mais aussi sur les postes d'agents hospitaliers, dont un certain nombre seraient supprimés.

Économies à l'ordre du jour

Contrairement aux cliniques privées lyonnaises qui se sont toutes modernisées, cette modernisation aux HCL a pris beaucoup de retard. Mais, sous prétexte de l'ampleur du déficit, des travaux liés à la vétusté de certains établissements risquent d'être abandonnés, ce qui pourrait conduire, avec la mise en concurrence avec le privé, à la fermeture de nouveaux services.

Le directeur général a déclaré que, devant ce constat, il fallait tenir compte de l'environnement (présence de cliniques privées à proximité), ce qui pourrait être un bon prétexte pour justifier l'abandon des activités les plus rentables pour les céder aux cliniques privées.

La mise en place de la tarification à l'activité (T2A) a creusé le déficit, car l'hôpital public accueille des malades ayant des pathologies plus lourdes que celles du privé. Or celles-ci sont moins bien remboursées par la Sécurité sociale.

Presque tous les pôles médicaux sont en déficit. À l'hôpital Edouard-Herriot, la direction commence à regrouper des services ne traitant pas forcément les mêmes pathologies, ce qui n'est pas l'idéal pour la qualité des soins. Mais le regroupement de deux équipes soignantes en une seule lui permet de diminuer l'effectif d'un tiers et de réaliser des économies de personnel. Les agents essayent de résister, des rencontres ont eu lieu avec la direction, le personnel soignant dénonçant une nouvelle organisation qui amplifie la dégradation des conditions de travail et de la prise en charge des patients.

Le mécontentement commence à s'exprimer

Le personnel de l'hôpital Henri-Gabrielle, qui reçoit les malades en rééducation ou en suite de soins, est en grève illimitée pour demander des effectifs supplémentaires, les soins à effectuer étant de plus en plus lourds et les effectifs n'étant pas adaptés à cette surcharge de travail. En effet les patients qui auparavant étaient gardés dix jours à l'Hôpital Neurologique (établissement des HCL) arrivent maintenant à Henri-Gabrielle au bout de cinq jours seulement. La direction de l'établissement n'hésite pas à parler " d'effet T2A " car, au-delà d'une certaine durée, le coût de l'hospitalisation n'est plus remboursé à l'hôpital. Alors chaque établissement essaye de se " décharger de ses patients " sur un autre, certains malades devenant au bout d'un certain temps trop coûteux. Le privé se décharge sur le public, mais cela se passe également entre établissements des HCL.

La grève commencée le 14 mai s'est vite propagée. Tous les personnels sont réquisitionnés, ce qui montre qu'il n'y a aucune marge de ma-noeuvre, tant les effectifs sont justes. Le personnel devait décider mardi 20 mai s'il pouvait étendre la grève à d'autres hospitaliers. En attendant, la direction a pris la mesure du mécontentement et a fait la promesse de remplacer les absents.

Mais au-delà de la dégradation régulière des conditions de travail dans les hôpitaux, l'inquiétude commence à grandir concernant l'avenir des emplois. L'ARH a estimé qu'il était impératif de revenir à l'équilibre budgétaire d'ici 2012, en réduisant les charges d'exploitation de 24 millions d'euros par an. Cette économie représenterait, d'après les organisations syndicales, la suppression de 600 postes chaque année sur les 20 000 actuellement rémunérés aux HCL.

Toutes ces mesures pour réduire les déficits vont toucher l'ensemble des établissements des HCL et pourraient par la même occasion généraliser le mécontentement des personnels et mettre d'autres hôpitaux en colère. Ce serait la meilleure réponse à apporter pour contrecarrer cette politique néfaste pour la santé.

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