Si la production des produits longs d'ArcelorMittal est totalement paralysée par les grévistes de l'aciérie de Gandrange, celle des produits plats, à quelques kilomètres, est bien ralentie par les quelque 150 grévistes du Gepor, une de ses filiales. Celle-ci s'occupe du ravitaillement des matières premières, de la logistique des hauts-fourneaux et de la cokerie, ainsi que de l'emballage des bobines de tôle essentiellement destinées à l'industrie automobile.

À leur huitième jour de grève, les travailleurs du Gepor, soutenus par la CGT, ont voté à l'unanimité des 106 présents la reconduite de leur mouvement. Leur ras le bol de travailler sept jours d'affilée pour deux jours de repos, le tout pour une paie au smic, n'a pas faibli. Ces cycles de travail qui consistent à enchaîner, par exemple, deux jours du matin, trois d'après-midi puis deux de nuit et deux jours de repos, ne permettent pas de récupérer et d'avoir une vie de famille normale. Les travailleurs veulent des cycles de travail de six jours avec quatre jours de repos, avec augmentation de salaire, comme les travailleurs d'ArcelorMittal qu'ils côtoient au quotidien. Ils veulent également faire partie de la convention collective de la sidérurgie au lieu de celle, moins favorable, des transports.

Le chantage de la direction qui prétendait que Gepor pourrait être remplacé par des entreprises moins chères, par exemple tchèques, puis la tentative de monter contre eux les travailleurs d'ArcelorMittal en leur envoyant une lettre pour leur dire que la grève menace les investissements et l'avenir de la sidérurgie lorraine n'ont pas permis de charger une pelletée d'aggloméré de plus dans les hauts-fourneaux.

Ils ont au contraire la solidarité des travailleurs d'ArcelorMittal et les sidérurgistes de la vallée de la Fensch, dont l'activité est bien réduite par leur grève, leur donnent raison, même si Gepor est une filiale, ils ont le même patron : Mittal. Ainsi les grévistes de Gandrange et ceux de Gepor, depuis le 18 mai, se rencontrent pour des actions communes. Après avoir bloqué ensemble les portes de l'usine à froid de Florange, une conférence de presse commune a eu lieu à Gandrange.