Prisons - Rachida Dati : Mensonge et mépris21/05/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/05/une2077.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Prisons - Rachida Dati : Mensonge et mépris

En visite à la prison de Luynes dans les Bouches-du-Rhône, Rachida Dati a reconnu que la surpopulation carcérale restait un vrai problème mais elle a avancé le chiffre de 6 % d'établissements surpeuplés, au lieu de 63 %, chiffre pourtant tout à fait officiel ! Voilà un lapsus révélateur " soit d'une pathétique incompétence soit d'un désintérêt profond " comme l'a fait remarquer le porte-parole de l'OIP, l'Observatoire international des prisons !

Dans une vingtaine d'établissements pénitentiaires, le taux d'occupation dépasse les 200 %. À la prison des Baumettes, à Marseille, selon l'OIP, vu le taux de surpopulation - 137 % - les personnes en détention provisoire se retrouvent à deux, trois, voire quatre dans des cellules de 9 m². Les conséquences en sont dramatiques : le nombre de rixes et de violences augmente, les demandes de consultations psychiatriques également ; l'hygiène se dégrade : le minimum de trois douches hebdomadaires, qui n'est pourtant pas un luxe, n'est pas respecté, pas plus que le nombre minimum d'un parloir par semaine, seul moment où le détenu peut rencontrer sa famille.

Le remède, selon la ministre, est dans la construction de nouvelles prisons : elle prévoit 3 000 nouvelles places en 2008 alors qu'il y a 12 600 détenus en surnombre ! Elle annonce aussi la publication prochaine d'un décret pour accorder une cellule individuelle aux détenus en préventive : on se demande bien comment ! Mais l'encellulement individuel étant une obligation à laquelle la France déroge depuis des années, Rachida Dati est bien obligée de dire quelque chose, à défaut d'agir. D'ailleurs, imperturbable, elle ajoute que beaucoup de détenus ne souhaitent pas rester seuls... et qu'il n'y aura de cellules individuelles que pour ceux qui en feraient la demande.

En réalité, la politique de la tolérance zéro, conjuguée à l'accroissement de la crise et de la misère, n'a fait qu'augmenter le nombre d'incarcérations : 30 % de plus en cinq ans. L'utilisation fréquente de la détention provisoire, la lenteur des procédures engorgent le système et ce n'est pas la réforme de la justice dont se vante la ministre, avec la suppression de tribunaux, qui va arranger les choses. C'est " un ensemble cohérent " dit-elle. Certes, du point de vue des économies et de la propagande sécuritaire en direction de l'électorat de droite. Mais cela transforme les centres pénitentiaires en pourrissoirs, dénoncés par les prisonniers, les associations de défense des droits de l'homme et les syndicats de surveillants.

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