ArcelorMittal - Gandrange : Premiers reculs de la direction21/05/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/05/une2077.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

ArcelorMittal - Gandrange : Premiers reculs de la direction

À l'usine ArcelorMittal de Gandrange où la grève a démarré le 12 mai à l'initiative des aciéristes du four électrique, la production restait totalement paralysée mardi 20 mai. Toutes les portes sont bloquées par de gigantesques tas de ferraille, carcasses de voitures broyées, qui fument en permanence.

Au piquet de grève, qui se tient devant la porte Est, des travailleurs se relayent nuit et jour pour monter la garde et empêcher un coup de force de la direction.

Celle-ci se croyait sûre d'elle. Ayant réussi à imposer sa décision de fermer l'aciérie et le TAB (" train à billettes ", installation de laminage) l'an prochain, elle pensait que le " plan social " serait, lui aussi, accepté par les travailleurs sans anicroches.

Il faut dire que Sarkozy et Mittal s'étaient bien partagé les rôles : l'un venant faire le pitre à Gandrange pendant que l'autre peaufinait son plan de fermeture.

La direction a voulu pousser le bouchon encore plus loin, en élaborant un plan social au rabais, afin de supprimer les 600 emplois sans trop écorner les 7 milliards de profits réalisés par le groupe. Elle a tenté, en outre, d'imposer aux aciéristes des horaires de fous pour honorer toutes les commandes jusqu'au bout. Et là, elle est tombée sur un os ! Les aciéristes ne se sont pas laissé faire...

" La situation est inadmissible ", a déclaré le directeur, Bernard Lauprêtre. Par " situation ", il entend non pas les centaines de travailleurs qui, demain, vont se retrouver sans emploi, mais le mouvement de grève qui paralyse la production et la " dégradation " des épaves de voitures !

Depuis le début, il ne cesse de souffler le chaud et le froid. Après avoir menacé de faire appel aux forces de l'ordre pour débloquer les portes et déclaré qu'il refusait toute négociation tant que les piquets ne seraient pas levés, il est venu en personne, accompagné de son DRH, pour discuter avec les grévistes. Quatre tables ont été dressées dans l'urgence, au piquet de grève. Mais ces deux heures de négociations improvisées n'ont abouti en fait à rien de concret.

Quelques jours plus tard, la direction a monté un chapiteau à une autre porte pour faire pointer les non grévistes, convoqués par courrier. Pas de chance ! Ceux-ci ont acclamé un représentant des grévistes venu expliquer leur action sous le nez des directeurs...

Mardi 20 mai, la réunion de négociations qui a eu lieu l'après-midi même avec les représentants syndicaux a abouti, après cinq heures de palabres, à de réelles avancées pour les salariés.

Les grévistes ont obtenu deux offres de reclassement (au lieu d'une seule prévue initialement) pour les salariés dont l'emploi va être supprimé, le maintien du salaire actuel pendant deux ans, et un dispositif particulier permettant aux travailleurs âgés de 56 ans et plus de rester sur le site en temps partiel rémunéré plein temps.

Bien que minoritaires et soutenus par la seule CGT, les grévistes ont le sentiment d'avoir fait reculer la direction sur les conditions de reclassement. Une assemblée générale était prévue mercredi 21 pour décider de la suite du mouvement.

Partager