Italie : "Guerre des pauvres" à Ponticelli21/05/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/05/une2077.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : "Guerre des pauvres" à Ponticelli

Les 13 et 14 mai, dans la périphérie de Naples, des campements de Roms ont été la cible de violentes attaques. La tentative d'enlèvement d'un nourrisson par une jeune Rom a servi de prétexte à de véritables expéditions punitives. À Ponticelli, dans ce quartier de la périphérie de Naples qui comprend de nombreux campements Roms, certains de leurs baraquements ont été brûlés. Des groupes de jeunes ont manifesté toute une soirée armés de bâtons, autour des divers camps disséminés dans ce quartier, jetant des pierres en direction de leurs habitants, qui ont fini par fuir.

Durant cette même semaine, à la suite d'une vaste opération menée du nord de l'Italie à la région de Naples, la police italienne s'était vantée d'avoir interpellé près de 400 personnes étrangères soupçonnées de résider illégalement dans le pays, originaires d'Europe de l'Est, d'Albanie, de Grèce, d'Afrique du Nord et de Chine. Jeudi 15 mai, la police avait aussi fait irruption dans le plus grand camp rom de la capitale et interpellé une cinquantaine de personnes. Les 160 000 Roms, sur 600 000 Roumains installés en Italie, sont tout particulièrement la cible des opérations de police contre les immigrés clandestins qui, de plus, sont visés par des campagnes émanant de la presse et des hommes politiques et les assimilant à des délinquants.

La coalition de droite de Berlusconi vient de gagner les élections, entre autres, en menant ce type de campagne sécuritaire et xénophobe. Son gouvernement, tout comme le nouveau maire de droite élu à la mairie de Rome, veulent donc maintenant satisfaire leur électorat en lançant des plans d'action contre " l'immigration clandestine ". Mardi 13 mai, Roberto Maroni, le ministre de l'Intérieur et un des principaux dirigeants du parti xénophobe de la Ligue du Nord, réunissait ses collègues de la Défense, de la Justice et des Affaires étrangères pour finaliser son " paquet sécurité ". Celui-ci comprend un ensemble de mesures répressives, comme le renforcement des peines existantes et la définition de nouveaux délits, parmi lesquels figure celui " d'immigration clandestine ", ou encore la transformation de centres de rétention temporaire pour étrangers en centres de détention provisoire. Parallèlement les opérations de police se succèdent.

C'est dans ce contexte que se placent les incidents de Ponticelli. Dans ce quartier populaire qui, comme tous les quartiers de Naples, connaît une dégradation dont l'actuelle affaire des ordures n'est qu'un aspect, la colère de la population pauvre a pu se diriger contre les Roms, une fraction encore plus pauvre. C'est exactement ce à quoi vise toute la politique de Berlusconi et de sa clique. Mais la gauche, en l'occurrence le Parti Démocrate de Veltroni, s'est aussi distinguée par une affiche appelant au départ des Roms de Ponticelli...

En Italie, il existe une expression pour cela : " la guerre des pauvres ". La bourgeoisie, la presse, les partis de droite au gouvernement et même le Parti Démocrate l'attisent tout à fait consciemment.

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