Le ministère de la Santé vient d'annoncer qu'entre 2002 et 2007, les médecins hospitaliers ont accumulé 1,6 million de jours de RTT non pris, et les infirmières et aides-soignantes 2,1 millions de jours ! À cela s'ajoute un nombre faramineux d'heures supplémentaires, d'ailleurs souvent non payées, que le personnel hospitalier a dû faire dans le même temps.

Ces chiffres montrent comment l'administration répond au problème du manque de personnel dans les hôpitaux : en rallongeant les horaires du personnel existant. Et l'on imagine ce que cela représente comme dégradation des conditions de travail pour ce personnel. Des infirmières ou des aides-soignantes peuvent travailler le matin à 7 h puis revenir en soirée à 21 h. Des médecins peuvent faire des semaines frisant les 70 heures. Et ce sont bien sûr les malades qui font les frais de cette situation, avec des heures d'attente aux Urgences et aux consultations et du personnel trop peu nombreux dans les services.

En janvier 2008 la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a proposé de payer une partie des journées de RTT et d'autoriser des départs en retraite anticipée, en transformant les RTT en points de retraite. Mais pour financer ces promesses elle utilisait la vieille technique du " déshabiller Pierre pour habiller Paul ", en prenant, entre autres, sur un Fonds pour l'emploi hospitalier dont les crédits manqueront ailleurs !

En tout cas, Bachelot ne propose à aucun moment d'embaucher du personnel, préférant apporter sa pierre à la campagne gouvernementale contre les 35 heures, présentées comme seules responsables de la situation dans les hôpitaux. Mais c'est oublier que la pénurie de personnel hospitalier ne date pas de l'année 2002, où les 35 heures ont été introduites à l'hôpital. Elle est le résultat de la politique d'austérité menée par tous les gouvernements, pour qui santé doit rimer avec rentabilité.

À l'hôpital, l'urgence c'est d'embaucher et de former le personnel indispensable pour que le personnel hospitalier ait le temps de souffler et pour assurer une meilleure qualité de soins aux patients ! Mais c'est le cadet des soucis de Bachelot !