35 heures : Faux débats et vraies attaques21/05/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/05/une2077.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

35 heures : Faux débats et vraies attaques

Lundi 19 mai, le secrétaire général de l'UMP, Devedjian, a fêté à sa manière le dixième anniversaire du vote de la loi des 35 heures en réclamant le " démantèlement définitif " de cette loi. Il a revendiqué que " la durée du travail soit contractuelle, entreprise par entreprise ", c'est-à-dire que les patrons fixent eux-mêmes, de fait, la durée du travail au-delà de laquelle ils auraient à payer des heures supplémentaires. Et d'ajouter, pour montrer la détermination du parti du président : " Nous (à l'UMP), nous prenons fermement position pour qu'on aille jusqu'au bout et qu'on ne faiblisse pas ", " on veut le démantèlement " !

Le même jour Raffarin, co-président de l'UMP, est venu relativiser les propos de Devedjian, affirmant qu'il n'était pas question de mettre fin à la durée légale du travail ; propos repris ensuite par le ministre du Travail et le porte-parole du gouvernement. Ce dernier a d'ailleurs précisé les choses : " Patrick Devedjian est dans son rôle d'aiguillon... et le gouvernement dans son rôle d'essayer d'aller jusqu'au bout de la souplesse ". Cela veut dire en clair qu'il s'agit de vider la loi de tout ce qui peut être un avantage pour les travailleurs et une entrave pour les patrons. En somme, il s'agit bien d'arriver à l'objectif annoncé par Devedjian, gardant l'enveloppe d'une loi qui, par bien des aspects, était déjà dès son origine bien favorable aux patrons.

Ce couac réel ou supposé a permis à Sarkozy et à son gouvernement de se présenter un instant comme les défenseurs des droits des travailleurs. Mais cela cache bien mal leur offensive. Sur la question de l'horaire de travail, il y a des mois et même des années que le patronat, avec à sa tête les plus grands patrons du pays, est à l'attaque. Les patrons réussissent depuis des années à imposer le niveau des heures supplémentaires qu'ils désirent. Ce que cherchent les patrons aujourd'hui, c'est en fait à abaisser les salaires réels. On ne compte plus les entreprises qui, par le chantage à l'emploi ou en annonçant simplement leur volonté de faire augmenter leurs profits, ont imposé à leurs salariés de faire trois, quatre ou cinq heures hebdomadaires non payées en plus. Cela correspond de fait à des baisses de salaire, parfois de 10, 11 ou 13 % !

Goodyear à Amiens, Peugeot pour son usine de cycles dans le Doubs sont les derniers exemples en date de cette politique imposée par de très grandes entreprises. Alors que Sarkozy parle " d'augmenter le pouvoir d'achat " en travaillant plus, c'est cela la réalité de la politique salariale des patrons et du gouvernement.

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