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- Lutte ouvrière n°2077
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Leur société
Hausse des surloyers en HLM : Construire des logements sociaux ou faire le vide dans ceux qui existent ?
La ministre du Logement Christine Boutin a annoncé jeudi 15 mai, devant le Conseil national de l'habitat, que les locataires d'une HLM dont les revenus dépassent d'au moins 20 % le plafond de ressources autorisé pour avoir accès à un logement social devront payer un " supplément de loyer de solidarité " ou, en langage clair, un surloyer. Cette mesure pourrait entrer en vigueur dès janvier 2009.
Actuellement, il faut dépasser le plafond de 60 % pour se voir imposer un surloyer, et ce n'est en outre pas appliqué par tous les offices d'HLM. Avec ce nouveau barème, 140 000 locataires d'HLM paieront leur logement plus cher, la hausse allant de quelques dizaines à plusieurs centaines d'euros selon les revenus. À titre d'exemple donné par le ministère du Logement : un ménage sans enfant, habitant un département limitrophe de Paris et dont les revenus excèdent le plafond de 80 %, devra débourser mensuellement 760 euros au lieu des 413 payés actuellement. Loyer et surloyer compris, ce sera l'équivalent des prix pratiqués par les propriétaires privés.
L'objectif affiché de Boutin est de " favoriser la mobilité au sein du parc HLM ", c'est-à-dire de faire de la place en poussant dehors les locataires ayant un budget un peu moins serré que le minimum. Car surtaxer ainsi un locataire d'HLM sur cinq, ce n'est pas la même chose que de corriger les quelques abus qui existent et qui seraient facilement repérables, si les services de l'État voulaient s'en donner la peine. C'est la même logique qui avait amené Christine Boutin, en avril, à baisser de 10 % les plafonds de ressources donnant droit à un logement social, dans le but de faire baisser la proportion des ménages pouvant avoir accès à une HLM.
L'État ne construit pas les millions de logements sociaux et à prix abordable qui font défaut, encourageant ainsi les propriétaires privés à spéculer sur ce manque et à monter leurs prix. Et la seule solution qu'il envisage est une fois de plus de s'attaquer au porte-monnaie de ceux qui ne possèdent pourtant pas grand-chose, en augmentant la part des revenus qu'ils doivent consacrer à leur logement. Ce qui revient à les pousser à leur tour vers ces mêmes propriétaires qui pratiquent des prix abusifs !