États-Unis : Le mépris de l'administration pour les anciens combattants d'Irak21/05/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/05/une2077.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : Le mépris de l'administration pour les anciens combattants d'Irak

Les militants trotskystes américains qui éditent le bimensuel The Spark (L'Étincelle) reviennent sur la manière dont l'administration américaine se comporte avec les anciens combattants de la guerre d'Irak. Celle-ci tend à nier leurs traumatismes et les traite avec aussi peu de considération que ceux qui, avant eux, avaient été engagés dans la précédente guerre du Golfe ou la guerre du Viêt Nam.

Cinq ans après que George Bush a déclaré la " mission accomplie " en Irak, les journaux se sont remplis d'histoires racontant que la situation de l'Irak s'est améliorée. Ce n'est vrai, ni pour la population irakienne, ni pour les soldats américains en Irak, ni pour les soldats de retour dans leur famille aux États-Unis.

Près de 20 % des anciens combattants des guerres d'Irak et d'Afghanistan, de retour au pays, souffrent d'un stress post-traumatique ou d'une grave dépression. 20 % ont peut-être des lésions au cerveau à la suite d'explosions rapprochées ou de blessures à la tête. Au total, 600 000 anciens combattants souffriraient de graves handicaps. Ces chiffres ont été publiés par la Rand Corporation.

Les traumatismes physiques et mentaux engendrés par ces deux guerres expliquent pourquoi le nombre d'anciens combattants qui se suicident dépasse le nombre des soldats morts au combat.

Et les anciens combattants d'Irak et d'Afghanistan ne sont pas les seules victimes de ces deux guerres. Le taux de suicide des anciens de la guerre du Viêt Nam s'est mis à grimper lorsque les reportages sur ces nouvelles guerres ont réveillé les expériences traumatisantes des soldats engagés dans la guerre du Viêt Nam.

Quelle a été la réponse de l'armée face à cette augmentation grandissante d'anciens combattants frappés par un stress grave ? Une dissimulation complète et totale de ces faits !

Par exemple, l'an dernier, le docteur Ira Katz, qui dirige la division " maladie mentale " du département des anciens combattants, a certifié lors d'une audience du Congrès qu'il y a eu moins de huit cents tentatives de suicide pour l'ensemble de l'année 2007, niant donc qu'il s'agissait d'une épidémie de suicides.

Mais un e-mail que ce même docteur a envoyé à un collègue de cette administration disait bien autre chose : " Nos coordinateurs chargés de prévenir les suicides ont identifé quelque mille tentatives de suicide par mois parmi les anciens combattants qui font appel à nos soins. Est-ce quelque chose que nous devrions aborder, avec prudence, dans une sorte de communiqué, avant que quelqu'un ne fasse un faux pas à ce sujet ? ". Cela signifie 12 000 tentatives de suicide en une seule année, et cela seulement parmi les anciens combattants traités par ce département, excluant donc ceux qui n'ont jamais bénéficié de soins de la part de ce service médical. Cet e-mail a été révélé lors d'une action judiciaire engagée contre ce service par deux groupes d'anciens combattants.

Ces derniers ont aussi fait connaître un autre e-mail rédigé par le responsable d'un programme sur les stress post-traumatiques du centre des anciens combattants du Texas, et adressé aux psychologues, travailleurs sociaux et psychiatres de ce service. Cet e-mail expliquait : " Étant donné que nous avons de plus en plus d'anciens combattants en quête d'une indemnité, j'aimerais suggérer que vous vous absteniez de faire un diagnostic de ces stress post-traumatiques immédiatement. (...) Envisagez un diagnostic de "difficulté d'adaptation". (...) Nous n'avons pas le temps de faire l'ensemble des examens nécessaires pour déterminer s'il s'agit d'un stress post-traumatique ".

Si elle ne nie pas complètement tout le problème des maladies mentales des anciens combattants, l'administration chargée de leur santé repousse de cette manière le paiement des allocations dont peuvent bénéficier les anciens combattants blessés. Pendant le procès, les avocats des groupes d'anciens combattants ont montré que, dans les six mois précédents, près de 1 500 anciens combattants sont morts tandis qu'ils attendaient que leur cas médical soit reconnu. Ces anciens soldats, qui ont fait appel contre le refus de reconnaître leur maladie, ont attendu quatre ans et demi en moyenne avant de recevoir une réponse.

En dépit des publicités invitant à s'engager dans l'armée et de tout ce que les politiciens peuvent bien dire, c'est la terrible réalité : les troupes ne sont que de la chair à canon, dont on se sert et qu'on jette ensuite.

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