Faire du 22 mai un encouragement pour la suite indispensable21/05/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/05/une2077.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Faire du 22 mai un encouragement pour la suite indispensable

L'ensemble des confédérations syndicales appellent à une " journée nationale interprofessionnelle d'actions " le jeudi 22 mai " pour la défense de la retraite solidaire ". La journée de grèves et de manifestations a pour objectif de protester contre le projet gouvernemental de faire passer le nombre d'années de cotisation à 41. Cette journée fait suite à celle de la Fonction publique du 15 mai contre le non-remplacement d'un salarié sur deux partant à la retraite, qui se traduit, pour la seule Éducation nationale, par la suppression de 11 200 postes. Elle suit la manifestation des enseignants et des parents d'élèves du 18 mai.

Malgré le caractère dispersé de ces manifestations, alors que les attaques du gouvernement concernent toutes les catégories du monde du travail, il faut que les travailleurs se saisissent de cet appel pour montrer qu'ils en ont assez des coups que leur portent le gouvernement et le patronat.

Il faut participer massivement aux grèves et aux manifestations, pour montrer que cette nouvelle augmentation de la durée de cotisation ne passe pas. Et le Medef, le donneur d'ordre du gouvernement, réclame que l'âge de la retraite lui-même soit reculé à 61, 62 ans, voire plus, malgré l'intensification du rythme du travail et l'usure qu'elle entraîne, et pas seulement sur les chaînes de production.

Augmenter le nombre d'années de cotisation pour toucher une retraite complète est surtout une manière hypocrite de réduire encore le montant des pensions, déjà scandaleusement bas. Un nombre croissant de travailleurs seront dans l'impossibilité de parvenir aux 41 annuités de cotisation qui seront exigées. Comment y parvenir lorsque, faute de trouver un travail stable, un jeune commence sa vie dite active en galérant pendant des années de petits boulots en contrats précaires ? Comment pourraient y parvenir les mères de famille qui ont consacré plusieurs années à élever leurs enfants ?

La CGT estime que les attaques de 1993 et de 2003 ont déjà pour effet une baisse relative des pensions de retraite de l'ordre de 30 % par rapport aux salaires qui eux-mêmes n'augmentent plus, insuffisamment en tout cas pour préserver le pouvoir d'achat des salariés face à la montée des prix.

Mais comment vivre correctement avec les 628 euros mensuels de la retraite de base ? C'est indigne ! Les retraites, c'est du salaire. Toute attaque contre les retraites, c'est une attaque contre les salaires.

Comme à chaque fois qu'un gouvernement s'attaque aux retraites, il ressort les mensonges habituels sur le nombre de retraités qui augmente par rapport au nombre d'actifs et sur le caractère " inévitable " soit de l'augmentation des cotisations, soit de la baisse des pensions. Le grossier mensonge ! Le nombre de retraités a augmenté au cours du demi-siècle passé, mais la productivité du travail, bien plus encore ! Il aurait été possible de maintenir le nombre d'annuités de cotisation à 37 et demi, comme cela était le cas pour tous avant les " mesures Balladur " en 1993, et d'augmenter sensiblement les pensions de retraite. Des pensions de retraite correctes sans allongement de la durée de cotisation auraient dû être un minimum. L'évolution est inverse. L'accroissement de la productivité se fait sur le dos des travailleurs mais ils n'en tirent aucun avantage.

Les fruits de la productivité accrue du travail sont empochés intégralement par le patronat. Le véritable problème est là : s'il n'y a pas d'argent pour les retraités, c'est parce que le patronat l'accapare pour l'intégrer dans ses profits.

Les attaques contre les retraites rejoignent toutes les autres attaques contre les salaires, contre la protection sociale, contre les services publics. Derrière la variété de ces attaques baptisées " réformes ", il y a une seule et même orientation : récupérer sur les salariés de quoi permettre au patronat d'augmenter les bénéfices des entreprises et donc les revenus des actionnaires. Il faut stopper cette évolution. Il faut une augmentation générale des salaires et des pensions de retraite. Il faut qu'ils soient indexés sur les hausses de prix.

Une seule journée d'actions n'arrêtera ni le patronat ni le gouvernement. Il faudra une suite. Il faudra une mobilisation ample, déterminée, explosive, du monde du travail, assez puissante pour changer le rapport de force et imposer au patronat les revendications vitales des travailleurs. C'est la seule voie pour changer la vie des salariés et des retraités.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 19 mai

Partager