La tempête qui s'est abattue sur le nord de la France le 26 décembre était une catastrophe naturelle, dont personne n'était responsable. En revanche, la marée noire qui, depuis plusieurs jours, souille une bonne partie des côtes de l'Atlantique n'a rien de naturel et ses responsables sont nombreux et connus, même s'ils ne risquent aucune poursuite.
On a certes jeté en prison, pour quelques jours, le commandant de l'Erika, qui n'était dans cette affaire qu'un sous-fifre, et qui aurait pu couler avec son navire. Mais la justice n'inquiétera pas les armateurs de ce bâtiment, opportunément immatriculé à Malte, et qu'une mer un peu grosse a coupé en deux, libérant des milliers de tonnes de fuel lourd. Elle n'inquiétera pas non plus les experts de la société italienne qui l'avait déclaré en état de naviguer. Elle inquiétera encore moins les responsables de TotalFina, qui avaient affrété ce bateau, et qui seront même vraisemblablement largement indemnisés par leurs assurances pour la perte de leur cargaison, mieux en tout cas que les marins-pêcheurs où les petits ostréiculteurs qui risquent d'être ruinés par cette catastrophe.