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Dans les entreprises
Samu : Médecins en grève
Les médecins travaillant dans les services d'Urgences et les SAMU sont pour la plupart des vacataires, quelle que soit la durée de leur travail hebdomadaire. Une grande partie de leur travail, en particulier la nuit et les week-ends, est payée en " garde " c'est-à-dire comme une prime. Face à cette situation, il y a régulièrement depuis quelques années des mouvements de grève des médecins urgentistes, pour obtenir de vrais contrats d'embauche et que les gardes soient considérées comme du temps de travail, mais sans que la situation ait véritablement évolué.
Suite à la dernière de ces grèves, en juin, les médecins du SAMU 93 (Seine-Saint-Denis), soit une cinquantaine de médecins répartis sur quatre hôpitaux, las de faire des grèves symboliques qui ne donnent aucun résultat, ont décidé de faire grève de nouveau, mais cette fois-ci en ne venant vraiment pas travailler, en ne répondant pas aux assignations de l'hôpital. Ils ont déposé un préavis du 16 décembre au 2 janvier et n'ont pas préparé de planning pour cette période.
Ces dernières semaines, il y a eu de nombreuses grèves et manifestations dans les hôpitaux parisiens pour protester contre les réductions budgétaires, le manque d'effectifs et la précarité d'une grande partie du personnel. Les médecins se considèrent souvent comme une catégorie différente du reste du personnel. En fait, si leurs salaires sont plus élevés, et qu'on leur parle de façon plus " courtoise ", les directions des hôpitaux et les autorités de l'Etat cherchent aussi à faire sur leur dos le maximum d'économies en ne tenant aucun compte des conséquences pour les malades.
C'est dans ce contexte que l'Agence régionale hospitalière (ARH) a entamé des négociations avec les médecins du SAMU 93. Rapidement l'ARH a proposé des contrats de 6 mois, renouvelables 4 fois. Les médecins seraient augmentés, et pourraient considérer le temps passé à relire les dossiers, à la formation ou à la préparation de protocoles de soins, comme du temps de travail. Tout cela est loin d'une embauche réelle mais est considéré par tous les grévistes comme une nette amélioration. Mais au dernier moment le 15 décembre, l'ARH a mis des conditions à ces contrats qui en excluaient la plupart des médecins.
Aussi le 16 décembre à 8 heures du matin les médecins ne se sont pas rendus à leur poste de travail, les directions d'hôpitaux ont menacé les grévistes mais sans succès. Le travail du SAMU a été assuré par les quelques médecins permanents des services mais cela n'aurait pu durer que quelques jours. Le soir même l'ARH reformulait ses propositions pour les rendre accessibles à tous les médecins et la grève s'arrêtait alors avec le net sentiment d'avoir gagné.
Les autres médecins urgentistes ont suivi cette grève avec intérêt, mais seul le SAMU 95 (Val-d'Oise) à l'hôpital de Pontoise s'est joint au mouvement. Là aussi pendant 24 heures les médecins vacataires n'ont pas pris leurs gardes. Cette grève fait suite à des mouvements du même type à Avignon et à Toulouse et exprime un profond ras-le-bol des urgentistes. Le manque d'effectifs de toutes les catégories de personnel fait qu'on ne se sent bien souvent plus en mesure d'effectuer correctement son travail. Bien sûr, quitter son poste dans les services d'urgences peut être lourd de conséquence pour les malades ; mais bien souvent aujourd'hui, c'est rester à son poste qui est désastreux tant il est illusoire de prétendre traiter l'urgence quand les malades doivent attendre plusieurs heures avant d'être examinés ou que le médecin est trop épuisé pour pouvoir faire son travail correctement.
Les irresponsables, ce sont tous ceux qui ont organisé la situation actuelle, les ministres de gauche comme de droite, les directeurs d'hôpitaux et les médecins chefs de services. Tous, sous prétexte d'économies, ont mis les services d'urgences à la limite de la rupture. Alors, les médecins du SAMU 93 et du SAMU 95 ont raison de refuser de continuer de travailler dans ces conditions.