Aérospatiale - Matra : Lagardère, un financier de haut vol31/12/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/12/une-1642.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Aérospatiale - Matra : Lagardère, un financier de haut vol

Si le héros de roman était un fin bretteur, le Lagardère de la finance est un manieur d'argent et manipulateur de politiciens, dont on aimerait que la grande presse fasse davantage de lumière sur ses faits et gestes.

La privatisation d'Aérospatiale s'est faite de manière ahurissante et scandaleuse. Le gouvernement souhaitait vendre l'Aérospatiale, une entreprise de 30 000 personnes fabriquant les lanceurs de la force de frappe, les lanceurs civils (Ariane), les avions Airbus, les hélicoptères Eurocopter. Des audits ont été effectués par des cabinets spécialisés (américains, européens). La valeur s'établissait entre 80 et 160 milliards : trop énorme pour Lagardère.

Tout le monde tomba des nues lorsque Jospin et Dominique Strauss-Khan annoncèrent au dernier salon de l'aviation qu'ils intégraient l'Aérospatiale au groupe Lagardère... pour une " soulte " globale de 2 milliards de francs ! Et encore, payable dans les deux ans, avec un premier versement de 0,85 milliard... si la rentabilité de l'ensemble n'atteignait pas 8 % (au-dessus de 8 % Lagardère ne payait rien du tout).

Le plus cocasse, c'est que le fils de Lagardère a déclaré à qui voulait l'entendre que les médias l'intéressaient mais pas l'aéronautique, et que dès qu'il hériterait de papa, il s'en débarrasserait. On serait curieux de voir à quel prix il revendra le groupe, et à qui. En attendant c'est du personnel dont le papa se débarrasse massivement.

Dernier épisode en date de la saga des Lagardère : la presse a annoncé à grands sons de trompe que le futur Airbus géant A3XX était prêt à être construit, que Boeing n'avait qu'à bien se tenir, qu'on allait voir ce qu'on allait voir.

Sauf que... Lagardère n'a pas voulu : " Le groupe a refusé de s'engager dans ce programme de 12 milliards d'euros qui compromettrait ses objectifs ambitieux de rentabilité " (Le Monde du 10 décembre).

Ce n'est pas nous qui affirmerons que cet Airbus valait nécessairement la dépense - et sans doute y-a-t-il bien des choses plus urgentes à faire dans le monde que ce genre de gros avions. Mais ce qui est clair, c'est que tant qu'Aérospatiale était nationalisée, c'était l'Etat qui payait - que cela soit justifié ou pas - les frais de recherche, de mise au point, etc. Et si c'était un gouffre financier (voir Concorde) l'Etat passait l'éponge.

Tandis que maintenant que l'Aérospatiale est privée, Lagardère ne risque pas " ses " sous comme cela ! Adieu le A3XX...

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