SEHV-SA (Grenoble) : Tension à la haute tension31/12/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/12/une-1642.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SEHV-SA (Grenoble) : Tension à la haute tension

A Grenoble, SEHV-SA fabrique des matériels électriques de très haute tension (disjoncteurs, sectionneurs, postes à haute tension) et emploie 891 salariés. Depuis la mise en filiale en juin 1999 de cette activité de Schneider Electric (ex-Merlin-Gerin) et face aux annonces répétées de la direction concernant la baisse des commandes enregistrées en 1999, le personnel est inquiet. Le 23 novembre, la direction a proposé un plan de réduction d'effectif de 168 personnes.

Le 7 décembre, dans le cadre des négociations du plan dit " social ", de nouvelles propositions furent faites par la direction : 74 suppressions de postes en 2000, dont 40 départs en retraite anticipée (FNE), 32 heures annualisées avec réduction de salaire de 2,5% (5% pour les salaires au-dessus du plafond de la Sécurité sociale) et réduction de la prime d'intéressement, puis 50 suppressions de postes en 2001, 35 heures annualisées, retour des salaires au niveau actuel (ce qui implique qu'il n'y ait aucune augmentation générale durant ces deux ans).

A la sortie des discussions, les 600 salariés, qui avaient débrayé à l'appel des syndicats, rejetèrent ces propositions et imposèrent une reprise immédiate des négociations en retenant des représentants de la direction jusqu'au lendemain matin dans la salle de réunion. Les sites A, B et C, qui regroupent d'autres entités de Schneider, furent fermés, si bien que les ouvriers et techniciens grévistes de SEHV s'y retrouvèrent seuls.

Les salariés demandèrent alors aux syndicats de nouvelles négociations qui reprirent le 9 décembre. En 14 heures de discussion, cette rencontre accoucha d'une souris. Les cinq organisations syndicales, CGT, CFDT,CFTC, CGC et UNSA, signèrent un document avec la direction, reprenant en partie les propositions du 7 décembre, mais sans réduction de salaires et avec application des 35 heures annualisées dès 2000. Une copie de ce document fut distribuée à l'ensemble du personnel. La CFDT, syndicat le plus influent, vanta les mérites " de ce que la direction avait lâché " tout en " s'en remettant à l'avis des salariés ".

Les 400 grévistes présents votèrent à 350 la reprise du travail. Les plus combatifs étaient dégoûtés de reprendre le travail dans ces conditions, mais la majorité des salariés ne pensait pas pouvoir obtenir plus. Tous constatèrent cependant que trois jours de grève avaient amené la direction en position défensive, et que les travailleurs représentaient une force.

Pendant ces trois jours de grève à SEHV, les syndicats n'ont pas voulu impulser des débrayages dans l'ensemble du groupe Schneider qui regroupe 6 000 personnes dans l'agglomération, prétendant qu'il était plus tactique d'attendre une semaine. Pourtant face à un patron aussi puissant, la meilleure " tactique " n'est-elle pas justement de mettre en oeuvre toute la force que les travailleurs peuvent représenter quand ils luttent ensemble ?

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