Panama : Les eaux troubles du canal31/12/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/12/une-1642.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Panama : Les eaux troubles du canal

Le 31 décembre 1999, le dernier soldat américain doit quitter la zone du canal de Panama, redevenue depuis le 14 décembre 1999, une partie du territoire de l'Etat panaméen.

C'est la fin d'une situation d'exception qui avait amené les Etats-Unis à posséder la " zona ", la bande de 80 km de long sur 20 km de large où passe le canal depuis 1903. Aux USA, les Républicains conservateurs ont protesté contre cet " abandon de souveraineté " américain et Clinton, démocrate lui, a boudé les cérémonies du 14 décembre.

Pourtant, il n'y a pas un seul possédant qui soit égratigné dans cette histoire, et son seul mérite, bien indirect, est de rappeler un peu concrètement à quel prix s'opère la domination impérialiste de la planète.

La construction du canal de Panama commença par être une affaire française, une affaire si peu ragoûtante d'ailleurs qu'elle se termina par un scandale financier. Mais elle avait déjà fait des profits pour ceux qui avaient lancé l'opération.

Après avoir racheté la concession française pour la construction du canal de Panama, les Etats-Unis se heurtèrent au refus de la Colombie de se voir déposséder de cette partie de son territoire. Le président des Etats-Unis de l'époque, Roosevelt, traita alors les Colombiens de " petites créatures misérables " qui voulaient empêcher " la construction d'une des grandes voies de communication de la civilisation ". Les Etats-Unis s'appuyèrent sur quelques " indépendantistes " qui, après l'arrivée de navires américains, se soulevèrent, proclamant l'indépendance de la République de Panama. Celle-ci, immédiatement reconnue par les USA, leur céda la concession à perpétuité de la zone du canal. Le creusement du canal pouvait commencer ; il dura de 1904 à 1914 et coûta 16 000 morts.

Panama devint alors un des points phares de la domination des USA sur l'Amérique latine, point d'ancrage notamment du centre de commandement sud de l'armée américaine, centre de la CIA et lieu de formation, avec l'école des Amériques, d'une grande partie des dictateurs latino-américains.

Aujourd'hui, les Etats-Unis estompent cette domination trop criante. Panama est la seconde zone franche du monde après Hong-Kong et est devenue un centre bancaire international où vient se blanchir l'argent sale de la drogue de Colombie toute proche. D'ailleurs, ce sont deux sociétés de Hong-Kong qui vont développer les deux ports situés à chaque bout du canal.

Les Etats-Unis s'effacent. Mais pas les capitaux et les profits. N'est-ce pas ce qui compte, bien plus qu'un drapeau étoilé ?

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