Promesses sur la rénovation des banlieues : Demain, on rase (les tours) gratis !31/12/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/12/une-1642.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Promesses sur la rénovation des banlieues : Demain, on rase (les tours) gratis !

Jospin a annoncé le 14 décembre dernier un nouveau plan de rénovation sur six ans des quartiers défavorisés, présenté comme chaque fois comme un " effort sans précédent ". Le gouvernement allouera jusqu'à 20 milliards de francs à cette tâche.

L'objectif de ce plan serait de désenclaver les cités en favorisant les transports en commun, en y installant plus de services publics, en renouvelant l'offre de logements par destructions des tours et barres trop invivables et en construisant de nouveaux logements sociaux, en favorisant enfin le développement économique des quartiers par des allégements de charges pour les commerçants, artisans ou entreprises qui s'installeraient dans ces zones défavorisées.

A priori, on pourrait dire " chiche ! ". Encore faudrait-il que ce plan ne reste pas lettre morte, et ne reste pas un simple effet d'annonce. Car ce n'est pas la première fois qu'un plan pour les banlieues est proclamé et qualifié d'" ambitieux " par ses promoteurs. Mais quand on y regarde de plus près, on est moins enthousiaste compte tenu du retard pris dans ce domaine.

Pour ne remonter qu'à 1990, Mitterrand avait promis - c'était un gouvernement de " gauche"! - l'amélioration de la vie dans les banlieues grâce à la création d'un Ministère de la Ville (avec Tapie à sa tête) et le vote d'une loi d'orientation pour la ville. Résultat, neuf ans après, le gouvernement constate qu'on vit toujours plus mal en banlieue et il ressort les mêmes solutions qui n'en sont pas ! En 1993 - c'était un gouvernement de droite -, il y eut le lancement de quatorze " grands projets urbains ", dont dix en Ile-de-France, mais seulement quatre, de l'avis même de la délégation interministérielle de la Ville, ont réellement abouti à une amélioration des quartiers visés. Et en 1999, sur une prévision de construction de 80 000 logements sociaux, seulement 45 000 seront lancés effectivement avant la fin de l'année, alors que la demande s'élève rien qu'en Ile-de-France à 280 000 !

On peut donc être sceptique sur la réalité du nouveau plan annoncé. Mais on peut aussi douter de son efficacité s'il est effectivement appliqué. Car si de nombreuses communes hésitent à s'engager aujourd'hui dans la construction de cités malgré les enveloppes promises par le gouvernement, c'est qu'elles savent bien qu'il ne suffit pas de rénover par-ci ou de reconstruire par-là pour empêcher le développement de la misère et des tensions qu'elle produit. Les vraies causes des difficultés de vie dans les banlieues sont le chômage, l'absence de perspectives d'avenir pour une jeunesse laissée à elle-même, les salaires inexistants ou trop faibles pour permettre le paiement régulier d'un loyer et des charges. Et ces causes-là, le gouvernement n'est pas prêt à y remédier en créant les emplois nécessaires, quitte à s'en prendre aux richesses accumulées par les grandes entreprises.

Du coup, les projets de rénovation des quartiers reviennent à mettre un emplâtre sur une jambe de bois. Ce qui n'empêche pas que les sommes promises à ce titre ne sont cependant pas perdues pour tout le monde puisqu'elles vont dans la poche des bétonneurs.

Si des mesures radicales ne sont pas prises pour mettre fin à ces fléaux, il y aura d'autres plans banlieue annoncés en grande pompe, sans plus d'efficacité, par des ministres ou des premiers ministres qui préféreront toujours aller loger ailleurs !

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