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Gaza : une guerre sans fin
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a réaffirmé sa volonté de lancer une offensive sur la ville de Rafah, située dans le sud de la bande de Gaza, où se trouvent massés près de 1,3 million de réfugiés palestiniens. « Quiconque veut nous empêcher de mener une opération à Rafah nous dit en fait de perdre la guerre. Je ne vais pas céder à cela », a-t-il déclaré le samedi 17 février.
Le principal rival de Netanyahou, l’ex-chef d’état-major et membre du cabinet de guerre Benny Ganz, a, lui, posé un ultimatum : « Si d’ici au ramadan les otages ne sont pas à la maison, les combats continueront partout, y compris dans la région de Rafah. » Cela lui permet de conserver une image de fermeté, tout en faisant mine de se préoccuper plus que Netanyahou de la libération des otages. Mais cela montre surtout que ces deux politiciens ne s’opposent pas fondamentalement sur des politiques différentes vis-à-vis de la guerre actuelle, et encore moins en ce qui concerne les droits des Palestiniens.
Depuis le 7 octobre, Netanyahou proclame sa volonté de détruire le Hamas, ce qu’il présente comme le but de la guerre. Mais en réalité il sait très bien qu’il devra finir par trouver un terrain d’entente avec celui-ci, tout comme il avait finalement été nécessaire de le faire avec l’OLP. Ces organisations nationalistes, qu’elles soient laïques ou islamistes, aspirent à se faire reconnaître comme des interlocuteurs des grandes puissances et d’Israël. Disposant du crédit gagné parmi les Palestiniens, elles peuvent être à même de les gouverner en garantissant une stabilité politique. C’est cette position qu’elles voudraient obtenir, quitte au besoin à utiliser leur crédit pour les mettre au pas.
La guerre que le gouvernement israélien mène à Gaza, à coups de bombardements massifs, de massacres aveugles, avec des hôpitaux pris pour cible, comme à Khan Younès le 15 février, vise en premier lieu à répandre un sentiment de terreur parmi les Palestiniens, pour leur faire accepter leur situation. Le gouvernement de Netanyahou ne fait ainsi que poursuivre la politique de ceux qui l’ont précédé à la tête d’Israël depuis 1948. Mais cette politique s’avère plus que jamais une impasse : même après plus de quatre mois de violence, avec l’utilisation des moyens d’une armée ultra-moderne, les dirigeants israéliens doivent encore reconnaître qu’ils n’ont pas réussi à « remporter une victoire totale », pour reprendre la formule de Nétanyahou. Mais ils n’envisagent d’autre politique que de poursuivre cette fuite en avant militaire, accentuée encore sous la pression de l’extrême droite. Le ministre des Finances Bezalel Smotrich, dirigeant d’un parti ultra-nationaliste et ouvertement raciste, a fait immobiliser dans le port d’Ashdod plus de mille conteneurs d’aide alimentaire destinés à la bande de Gaza, alors que sa population est menacée de famine.
Le gouvernement israélien prétend qu’il prépare une évacuation des civils de Rafah, avant l’offensive au sol, sans dire où ils seraient déplacés. Il dit aussi ne pas vouloir évacuer les Palestiniens en Égypte. Mais des ONG ont observé, à la frontière égyptienne non loin de Rafah, des travaux d’aménagement d’un camp fermé par des murs de sept mètres de haut. Il pourrait accueillir 100 000 personnes, bien que le gouvernement égyptien nie l’existence d’un tel projet.
Si des Palestiniens finissent pourtant par fuir en Égypte pour ce genre de prison à ciel ouvert, il y a peu de chances qu’ils puissent ensuite revenir à Gaza. Ils risquent de connaître le sort des réfugiés de 1948, expulsés par Israël et dont les familles se trouvent toujours dans des camps en Jordanie ou au Liban.
Soucieux d’éviter une déstabilisation de toute la région, les dirigeants américains ont mis en garde le gouvernement israélien, lui demandant de renoncer à une offensive contre Rafah, tout en poursuivant leur soutien à sa politique. Alors qu’un projet de résolution exigeant un cessez-le-feu immédiat devait être présenté à l’ONU par le gouvernement algérien, les États-Unis ont fait savoir qu’ils y mettraient leur veto.
Les grandes puissances continuent à évoquer une solution à deux États, ce qui obligerait le gouvernement israélien à engager ouvertement des négociations avec le Hamas pour sortir du conflit. Mais Netanyahou continue de s’y refuser et les États-Unis ne font rien pour l’y contraindre. En attendant, ni les dirigeants d’Israël ni ses conseilleurs occidentaux ne se soucient des Palestiniens écrasés sous les bombes, ou de mettre fin à leur oppression.