Morts au travail : les fruits pourris de l’exploitation21/02/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/02/2899.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Morts au travail : les fruits pourris de l’exploitation

Dernièrement, une enquête approfondie du Monde a rappelé le silence qui entourait les morts au travail. Pour les médias, ces derniers sont souvent moins intéressants que les victimes de crimes crapuleux.

Ainsi, il faudrait accepter l’idée que l’exploitation tue, alors que c’est scandaleux. Le nombre de morts au travail n’est même pas sérieusement recensé par l’État. La dernière étude sérieuse a été faite en 2019 et ne les prend pas tous en compte. La Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) compte, en 2022, 738 morts au travail soit deux par jour. Mais ces chiffres sont sous-estimés car ils ne tiennent compte ni des accidents de trajet ni des suicides sur le lieu de travail, ni des accidents vasculaires cérébraux ou des crises cardiaques survenus dans l’entreprise. Et bien sûr, les maladies professionnelles qui tuent à petit feu sont ignorées dans ces décomptes.

Ces accidents mortels touchent particulièrement les jeunes, voire les très jeunes, les apprentis. Le gouvernement qui s’est vanté d’avoir doublé les effectifs de cette main-d’œuvre peu onéreuse pour les patrons entre 2017 et 2021, se garde bien de relever que les accidents du travail sont 2,5 fois plus nombreux chez les jeunes de moins de 25 ans. Ces travailleurs moins expérimentés sont plus facilement contraints de prendre des risques même si cela est bien sûr vrai de tous les travailleurs en situation de précarité, les intérimaires, les sous-traitants, les sans-papiers. Ainsi les travailleurs du BTP paient un lourd tribut puisqu’on compte un mort par jour dans cette branche. Et c’est bien la recherche du profit qui explique ces morts : il en va ainsi pour ce jeune homme de 25 ans qui posait des panneaux photovoltaïques et est passé au travers de la toiture en 2021. Le patron avait renoncé à monter un échafaudage, pour faire des économies, ce qui a fait dire à la mère du jeune homme que « son fils était mort pour 6 000 euros. » Dans nombre d’entreprises, les patrons refusent de remplacer des machines obsolètes, donc dangereuses, dont le système de sécurité est défaillant, par simple souci d’économie.

Pour autant, il est rarissime que ces patrons responsables fassent de la prison. Ils s’efforcent presque toujours de faire retomber la faute sur le salarié décédé, qui n’aurait pas respecté les consignes de sécurité. Au terme d’années de procédures, ils sont parfois condamnés à des amendes dérisoires. La recherche du profit tue depuis que le capitalisme est le capitalisme. Ce ne sont pas des amendes ou des primes qui arrêteront les patrons criminels. Il faut en finir avec un système où la vie d’un travailleur ne vaut rien.

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