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- Lutte ouvrière n°2899
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Dans les entreprises
Nos lecteurs écrivent : Être contrôleuse, ce n’est pas un privilège
Je suis contrôleuse TER en gare de Strasbourg, et comme beaucoup de mes collègues, j’ai d’abord cumulé les CDD, pour certains des missions d’intérim, avant de signer un CDI. Lors de la signature du contrat, nous sommes toujours surpris par le salaire de base situé sous le smic, aujourd’hui à hauteur de 1 766,92 euros brut. Après trois ans de contrat, mon salaire de base le dépasse de 2 euros brut. Le reste est constitué de primes et d’indemnités, variables chaque mois et qui pour la plupart ne comptent pas pour la retraite. En janvier, elles s’élèvent à 1 000 euros brut mais quand nous sommes en arrêt maladie ou en vacances, notre salaire chute à son minimum.
Comme dans tous les services à la SNCF ou dans le privé, nous faisons face au sous-effectif. Là où je travaille, il manque 40 contrôleurs. Alors quand la direction annonce 200 embauches de contrôleurs au national, nous faisons vite le calcul… le compte n’y est pas ! Le sous-effectif aggrave nos conditions de travail : les journées rallongent, les trains s’additionnent et les coupures se généralisent, durant lesquelles nous ne sommes pas payés. Quand nous devons dormir hors de chez nous, ce qui arrive en moyenne deux fois par semaine, le temps entre le départ du domicile et le retour varie de 24 à 37 heures. Alors pour voir ses enfants ou les faire garder, c’est toute une organisation.
En 2022, la SNCF a explosé son record avec plus de 2,4 milliards de bénéfices et elle prévoit un nouveau record pour 2023. Pour augmenter les salaires et embaucher, on sait déjà où elle peut trouver l’argent.