Armement : la course à la production et aux profits21/02/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/02/P4-2_Profiterus_de_guerre_OK_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C220%2C2362%2C1549_crop_detail.jpg

Leur société

Armement : la course à la production et aux profits

Le 15 février, à l’occasion de la réunion des ministres de la Défense de l’OTAN, Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a annoncé que la France consacrera en 2024 plus de 2 % du PIB à l’effort de guerre. C’est une véritable aubaine pour les industries de guerre.

Illustration - la course à la production et aux profits

L’industrie française d’armement est dominée par de grands groupes comme EADS (avions, missiles, espace, hélicoptères, communications), Thales (électronique de défense), Navalgroup (constructions navales, l’ex-DCNS), Safran (moteurs, électronique de défense), Dassault Aviation (avions de combat) et encore Nexter (production de munitions), qui bénéficient très largement des commandes de l’État. Celles-ci constitueraient en effet les deux tiers du chiffre d’affaires de ces industriels.

Tous envisagent d’augmenter leur production, et vite. Ainsi, pour celle des missiles Mistral et des obus de 155 mm, Lecornu avait déclaré il y a un an : « Nous produisions 20 Mistral par mois en 2022. Ce chiffre est passé à 30 en 2023 et montera à 40 en 2024. » L’entreprise MBDA (Royaume-Uni, Italie, France), qui produisait jusque-là des missiles Aster en 40 mois, doit réduire ce délai à 18 mois, un défi qui, paraît-il, a été réussi avec le canon Caesar. Arquus, filiale du groupe Volvo, est aussi en ordre de marche pour la production de blindés pour l’armée de terre. L’entreprise doit livrer ces prochaines années 140 blindés Jaguar, 800 Griffon et une trentaine de Caesar, dont elle fabrique la partie « mobilité ».

La production de munitions du groupe Nexter est aussi en pleine ascension. Il s’agit de munitions de moyen calibre et d’obus de plus gros calibre, tirés par les blindés AMX-10 RC ou les canons Caesar. L’objectif de Nexter est d’augmenter de moitié ses capacités de production en 2024 et de les doubler d’ici 2025. Pour ce faire, la société investit dans de nouveaux bâtiments, investissements déjà prévus quelques années avant la guerre, « mais les événements récents nous ont motivés à voir plus grand », explique ­Hervé Le Breton, un des directeurs des usines de ce groupe. Comme toutes les entreprises de ce secteur, Nexter se prépare à faire d’importants bénéfices, et ce sur plusieurs années. Frantz Caillau, directeur de Nexter Arrowtech (filiale « munitions » de l’entreprise), saluait la loi de programmation militaire 2024-2030, au nom de la nécessité d’avoir « une visibilité sur plusieurs années ».

Les très gros profits seront d’autant plus au rendez-vous qu’avec l’augmentation de la demande les prix grimpent. Selon l’amiral Rob Bauer, le président du comité militaire de l’OTAN, avant l’invasion russe de février 2022, un obus coûtait environ 2 000 euros ; mais en octobre 2023 le coût du même obus pouvait être bien plus élevé. Une commande récente de l’Allemagne auprès d’un producteur français, pour 68 000 obus, s’est conclue à un prix unitaire de 4 088 euros.

Alors que les conflits se multiplient et se généralisent, l’économie capitaliste est de plus en plus une économie de guerre, encore plus propice aux affaires pour les capitalistes. La guerre leur rapporte déjà gros, et ils sont confiants et convaincus que tout cela devrait durer. Peu leur importe ce qu’il en coûte à la société et à l’humanité.

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